jeudi 22 décembre 2011

Le vent se lève (The Wind that Shakes the Barley )

Critique

On connaît tous de manière plus ou moins vague l'histoire mouvementée de l'Irlande, le combat forcené de ses indépendantistes contre les troupes anglaises au début du XX ème siècle. Mais nos connaissances sur le sujet restent floues et finalement peu d’œuvres en font leur objet, The Wind that Shakes the Barley vous plonge au milieu d'un groupe de résistants et plus particulièrement de la vie de deux frères puisque Damien rejoint le combat deTeddy, l'aîné. Ken Loach est assez froid, c'est anti-hollywoodien et je trouve cela intéressant. Ne pas avoir fait du flamboyant avec une belle photographie, une belle BO cela sert le scénario. En effet, s'il y a des larmes, le larmoyant est aux antipodes du film. Le réalisateur n'a pas voulu jouer avec l'âme celtique et n'a pas fait ce qu'on pouvait attendre de ce genre de film, si cela peut nous sembler déstabilisant, il faut comprendre que c'est un choix. Ken Loach prend parti, toujours, on est prévenu :  il fait du cinéma engagé. Cela nous aide à prendre conscience des évènements qui se sont déroulés en Irlande, on peut d'ailleurs considérer que ne jamais se situer du côté de la Grande-Bretagne rééquilibre l'histoire, il s'agit de révéler ce qui était resté dans l'ombre. Cette guerre est souvent tue, porte-t-elle seulement le nom de guerre ? L'accent est mis sur la pauvreté du pays, on comprend que beaucoup aient décidé d'émigrer, le film n'est pas tourné en épopée à l'Américaine d'ailleurs. Le réalisateur a voulu faire ressortir de la dureté, par la forme et le fond avec les violences, les cris, les paysages... on ne peut nier cette réussite. Le plus intéressant et poignant, ce sont les déchirements au sein même de l'Irlande, le début est très dur, montrer tant de violence était-il utile ? Dans le but de choquer, oui et cela fonctionne. On remarque quelques longueurs dues aux longues discussions politiques, ou tergiversations des indépendantistes,  la marque de fabrique du réalisateur, c'est relativement long mais assez réaliste, cela permet d'autre part de montrer les divisions internes aux groupes indépendantistes, les dilemmes moraux auxquels ils sont confrontés, le cinéaste ne se contente donc pas de faire un film à l'honneur des irlandais oppressés, ce qui correspondrait à un motif social de fond mais fait ressurgir de manière éclatante la complexité de la situation qu'ils ont vécu sur le plan humain ou politique.

Nommé en même temps que Marie-Antoinette (l'excellent film de Sofia Coppola), Le Vent se lève a remporté la palme d'or.  On peut penser qu'il a été choisi car il ne correspond pas aux films que le spectateur a l'habitude de rencontrer sur son chemin, qu'il soit cinéphile ou non. Cela reflète une volonté de récompenser un cinéma moins populaire, les films de Ken Loach étant peu diffusés (au cinéma comme à la télévision), peut-être qu'il existe aussi des enjeux politiques dont on n'a pas conscience, je ne pense pas que ce prix ait ravi les Anglais... Bref, il s'agit d'un film marquant, probablement le meilleur de Ken Loach.

Le titre du film fait référence à une vieille chanson irlandaise qu'on entend lors de la marche dans la brume...


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