jeudi 26 mai 2011

The Tree of life, ode à la vie

Cette fois, pas d'analyse ni vraiment de critique, juste un retour en douceur sur le blog, un retour en douceur sur... un film ? Peut-on dire que c'est un film ? Oui, peut-on qualifier The Tree of life de film ? Peut-on seulement le qualifier ?

Les avis divergent à propos de cet ovni cinématographique, le seul élément dont on peut être sûr c'est qu'il ne laisse pas indifférent, on aime ou on déteste mais difficile de ne pas être marqué par lui.

http://www.enzian.org/images/uploads/tree_of_life_pitt.jpg


Ce film est démesuré par son ambition, sa longueur, c'est du Terrence Malick ! Il est donc très difficile d'en parler de le commenter, d'autant plus que le scénario est décousu et ce n'est pas un hasard, ce point ne peut donc pas être retenu contre le film. Il s'agit de la vie que le réalisateur a tenté de capter, la vie dans son ensemble, celle qui nous dépasse, celle qu'on ne comprend pas. Inutile donc de vouloir comprendre le film parce que la vie elle-même est une énigme. On rejoint la dimension spirtuelle ou théologique de l’œuvre, toutes ces questions sans réponse à Dieu.

"Where were you ?" est récurrent, prononcé par plusieurs personnages. "Where were you ?" La religion ne peut exister sans cette question précise et Terrence Malick l'a compris.

En fait pour parler de ce film on peut se pencher sur tout ce qu'on ne comprend pas dans la vie, dans ce Tree of life.

La relation entre Jack et on père se veut terriblement problématique, ils s'aiment mais se déchirent, finalement ils se ressemblent. Le personnage de Brad Pitt est parfois violent ou détestable mais d'une complexité étonnante. Bref, il ne peut que vous rendre perplexe.

Il correspond à la nature, tandis que sa femme est la grâce. La dichotomie est fixée dès le début du film.

"There are two ways through life: the way of nature, and the way of Grace. You have to choose which one you'll follow."

Mr O'Brien regrettera son choix en perdant son travail, ses illusions. Tous ses choix avaient été motivés par cette certitude : ils étaient nécessaires. Il faut se battre pour obtenir ce que l'on veut, ne jamais renoncer... Quand il réalise que ça ne suffit pas toujours, son univers entier s'effondre. Puisque sa théorie n'est plus valable il ne peut plus vivre de la même façon. Si le film repose sur l'énigme de la vie, une réponse nous est tout de même donnée en écho à ses réflexions : le seul moyen de vivre est d'aimer. C'est la morale du film. Nous en tant qu'être minuscules ne pouvons rien maîtriser, comme le montre les images grandioses de l'infiniment grand à l'infiniment petit. Comment comprendre un univers qui nous dépassé mais dont nous faisons pourtant partie ?


Certains peuvent penser que le film, où il est difficile de suivre le scénario et où les paysages prennent une grande part n'est qu'une succession de tableaux magnifiques, que ce n'est pas du cinéma. Mais ces tableaux sont portés par un mouvement perpétuel, celui de la vie, rien n'est jamais fixe dans The Tree of life, le spectateur est emporté dans les flots de la vie avec le vent, la mer, la rivière, la caméra qui glisse rapidement, s'agite, les personnages qui marchent souvent, courent, les volcans qui entrent en éruption, les cellules microscopiques... Tout n'est que mouvement dans The Tree of life, or le cinéma c'est du mouvement, par étymologie (en grec kínêma = mouvement). La Moldau de Bedrich Smetana est donc particulièrement bien choisi parmi la BO du film, le compositeur ayant voulu donner l'impression que l'on suivait le cours d'une rivière. (et on note que la BO originale est composée par Alexandre Desplat, non ce n'est pas négligeable ! )

Si le film peut paraître lent, si l'on se demande à plusieurs reprises si la fin est proche, ce n'est qu'à cause de notre regard qui, habitudé à la vitesse perd ses capacités de contemplation. Avec The Tree of life, il ne faut aucune attente particulière, il ne faut pas essayer de tout comprendre mais juste se laisser immerger dans le courant du film, juste se laisser porter par la rivière et accepter les images sublimes qui se révèlent à nos yeux.

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsLB7Cz0sLTvI92kmadIQT0Y14RC6d9zZ8tC3zK_FrWMBFFb5l_vpvJA4TsFy4Rt_BZAJ2Ay84Rn89hBi_o9RoIbLT82oMIgviBqgeLSyXeFo_ySV0BGPO1Rebjjv6NBG6EZnMwnZtf2zN/s640/tree+of+life+blog.jpg

Le thème de l'arbre revient souvent, on ne l'oublie jamais. On peut penser par moments que l'on s'égare, mais pourtant on y revient toujours, je pense que tout est bien mieux maîtrisé qu'on ne peut l'imaginer. En fait The Tree of life est une sorte d'odyssée de la vie, une oeuvre monumentale, parfois incompréhensible, est-ce de la folie, du génie (je pense à l'apparition d'un dinosaure, je pense à la fin sur la plage, où l'on insiste davantage encore sur l'aspect spirituel, à la fin qui s'éternise), de l'excès ? Oui, c'est tout à la fois, c'est enivrant, c'est puissant, mystérieux, ça laisse perplexe, c'est étrange, inédit, percutant, virevoltant comme la vie et la mort mais surtout très poétique. Ce film est au cinéma ce que la poésie est à la littérature, The Tree of life est une ode à la vie mais le plus étrange est encore son réalisme. Cela peut venir des plans, de la mise en scène, des acteurs, du scénario qui nous immerge dans les souvenirs d'une famille, les souvenirs sont aléatoires et puissants, Proust en avait une conscience aigüe. Avec cette famille, on sourit, on pleure, on est mal à l'aise mais le film est tellement atypique, il nous surprend tellement qu'on ne sent pas son caractère fictionnel, juste un réalisme exacerbé doté d'une sensibilté étonnante devant la nature et la vie. Rien ne le résumera jamais mieux que le titre :


The Tree of life

Et si vous n'avez pas été sensible à la vue de ce petit peton, alors vous avez un cœur de pierre !


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