samedi 31 décembre 2011

Somewhere, stoïcité du non-héros

Somewhere, c'est l'histoire de Johnny, acteur qui se laisse diriger de rôle en rôle, qui accepte les situations qui viennent à lui s'en réellement s'en soucier, il protestera peu quand il devra s'occuper de sa fille, Cléo quelque temps.  On plonge alors dans le morne quotidien d'une star d'Hollywood et l'on comprend que la réalisation porte l'œuvre, il semble que la scénariste et la réalisatrice ne pouvaient être qu'une  seule et unique personne pour un tel film, film qui selon la rumeur ne parlerait de rien. Certes, Coppola a pour sujet de prédilection l'ennui mais peut-on pour autant confirmer cette idée reçue ? Ma réponse sera pour une fois catégorique : non.  Ce film évoque peut-être le ressenti du vide, il nous propulse entre la douce nonchalance et la dépression mais il ne parle pas de rien, non seulement il n'est pas vide de sens, théorie qui l'inscrirait dans un cinéma purement contemplatif mais il est extrêmement riche, bien plus qu'on aurait pu l'imaginer.
Le choix du plan fixe pour les danseuses est subtile, cela leur permet de sortir du cadre lorsqu'elle se dandinent près du sol.  Le regard figé de Johnny nous est transmis par cette vision subjective, ses yeux possèdent une fixité, une sorte de non-vie ce que renforce l'éloquent silence de la première partie du film. Sans que l'on s'en aperçoive vraiment, la musique se fait de plus en plus présente. Le corps de Johnny semble vide, il se meut dans un univers qui ne peut plus le toucher, il assiste gelé à ces petites séances de danses sexy en spectateur passif,  les thèmes du chaud et du froid sont fortement marqués, ce dernier étant prédominant par exemple à travers l'eau, la glace au chocolat, la pâte qu'on lui applique sur le visage, etc. Lors de la scène du massage on observe derrière la table un tableau qui repose sur le sol, on y distingue le mot Cold écrit en gros caractères. L'huile de massage réchauffera-t-elle notre glaçon ambulant ? Rien n'est suffisamment efficace pour l'éveiller, l'alcool, une voiture qui va de plus en plus vite mais ne fait finalement que tourner en rond, des femmes qui s'exhibent de manière de plus en plus inventive et parviennent à lui tirer un faible sourire, sans valeur. Rien ne peut réveiller son être, on ignore d'ailleurs s'il en a l'envie, il demeure donc à côté du monde et de sa propre existence, son esprit n'appartient plus à son corps, il a glissé ailleurs, on ne sait où. Johnny n'est pas. Les philosophes grecs pourraient parler d'ataraxie une suspension des passions devant menée à une certaine quiétude...
Il dit "Cléo, t'as vu ?" en effet c'est le regard qui importe le plus dans sa vie, on s'en aperçoit dès le début du film, il le recherche mais laisse une barrière entre lui et le monde. Il garde toujours ses lunettes de soleil  en sortant, probablement en raison de sa notoriété.  On constate le décalage entre la réception de ses films ou de sa propre image et de ce qu'il est lui-même. Le plus surprenant étant qu'il ne joue aucun jeu, on n'entre pas dans ce cliché facile. Il erre, morose se laissant porter par les situations qui viennent à lui.  Le plan récurrent le dévoilant allongé sur son lit illustre son état général, lors d'une soirée, d'une séance photo il n'est pas dans une position différente, il ne ressent rien d'autre qu'en étant somnolant. Assister à l'évolution d'un être paralysé peut nous fasciner, cet homme qui s'était lui-même mis en mode pause ne peut plus rien ressentir, ni joie ni peine. C'est pourquoi on le caractérisera de non-héros.  Cette star déprimée,  en prise avec l'absurdité du monde peut vaguement nous rappeler celle de This must be the place avec Sean Penn, il semblerait que cela soit dans l'air du temps.

Cet individu est momifié, littéralement lorsque l'on prépare son masque pour un rôle. (On s'interroge d'ailleurs : son nouveau visage ne reflèterait-il pas ce qu'il est devenu en son cœur ?)  La seule chose qu'il puisse faire est respirer, en attendant. Mais qu'attend-il ? On ne le sait pas vraiment tout comme on ignore qui lui envoie des SMS accusateurs. Pour Johnny il s'agit donc de vivre en attendant qu'un évènement le sorte de sa torpeur, ce ne sera pas fulgurant, plutôt une lente progression. Une lueur est apparue dans ses yeux, de manière inespérée quand sa fille patinait. C'est peut-être elle le soleil qui le dégèlera, excusez le lieu commun mais il me semble particulièrement approprié au film. Cette fille calme, et réservée c'est lui sans les ravages de la vie, elle sautille encore. Elle croît à son art, se perfectionne. Poussée par la vision d'un avenir, motivée par des projets qu'elle ne peut qu'imaginer. Ce merveilleux élan vers le lendemain qui motive cet âge s'envole sous le poids de l'expérience, Coppola l'illustre avec brio. Cet ailleurs vivant est donc en sa fille, la seule partie de lui qui bouge.
Lors de la 36 ème minute, Johnny respire fortement sous cette épaisse pâte qu'on lui a imposée, on semble vouloir montrer qu'il est encore en vie contrairement à ces masques de silicones à l'expression figée d'horreur que l'on aperçoit en arrière-plan. C'est désormais le seul élément qui le retienne à la vie : il respire. On note également que c'est une fois l'équipe partie que les inspirations se font plus profondes, cela nous mène à une certaine réflexion. En société, il reste en apnée et reprend son souffle quand il est seul mais ce besoin de l'autre fait résurgence à l'arrivée de sa fille. Il ne pourra plus fuir cette petite lueur qu'on avait vu dans ses yeux au début du film.
Cléo est une artiste, une poète dans le sens originel du terme, c'est-à-dire qu'elle créé au lieu d'être créée par les autres, à leur convenance. Johnny se laisse aller aux mains de chacun comme un mannequin sans âme, ce sentiment de vacuité a envahi tout son être, il a cessé de lutter et erre sans motivation d'hôtel en hôtel, de tournage en tournage. Tandis que sa fille tape dans la balle de tennis, il se contente d'être la balle de tennis. (idée déjà esquissée au début du film  avec les danseuses sexy possédant des raquettes) On suppose qu'il s'est senti obligé d'adopter cette froideur qui le caractérise. Il n'avait pas le choix, c'était son moyen de résister au monde, de le relativiser de ne pas prêter d'attention à ce qui lui arrivait, la philosophie des stoïciens qui pouvait être une force est devenue sa faiblesse. Cela nous mène évidemment à une interrogation : l'homme être terrestre, peut-il vraiment la faire sienne ? Revenons à la relative insensibilité du personnage principal, il ferme une partie de lui au monde pour ne pas se faire dévorer par la société. Il les laisse imaginer ce qu'ils veulent pour protéger ce qu'il est vraiment mais au fil du temps il s'est perdu, sa vie n'est plus motivée. Le motif de la voiture revient souvent, ce qui compte c'est la conduite qu'on en fait, notre destination. Cette petite métaphore de la vie s'étendra d'un bout à l'autre du film. Mais Johnny ne va nul part, son essence s'est ainsi envolée "somewhere".
Cléo joue, nage, dessine, patine. Il dort, il observe, reste dans le jacuzzi. Et pourtant ces deux là, très attachés à leurs téléphones portables se ressemblent. L'adolescente intériorise ses sentiments, elle craquera à la fin du film, et pleurera tout comme son père. On peut considérer leur relation comme un échange sur le mode de la respiration. Il lui apprend une capacité : nager sans respirer, c'est-à-dire en apnée, se mouvoir dans le monde en retenant son souffle, matière de l'intériorité. Il ne s'attache pas aux femmes qu'il fréquente, il couche avec elles mais ne souhaite pas  créer de liens, ce que certaines ne comprennent pas. Avec sa fille, c'est différent puisque leur relation de sang ne peut s'altérer. Il l'aime et même s'il pourrait être tenté de s'en éloigner, il ne le fait pas et ce pour une bonne raison : il a besoin d'elle. Elle réanime l'enfant qu'il a pu être.  Après s'être amusés dans la piscine, ils mangent de la glace un soir, alors qu'elle pourrait dormir, elle semble en avoir envie ou besoin.  Pour évoluer dans le monde, on a besoin d'une certaine dose de glace, de stoïcité mais on ne peut laisser celle-ci prendre le pas sur notre humanité. Serait-ce là le message du film ? En effet Johnny totalement détaché de l'univers qui l'entoure comme s'il avait glissé du stoïcisme à l'épicurisme...
 
Faisons une pause avec "Teddy bear" chantée par Romulo Laki

"Baby let me be,
Your lovin teddy bear
Put a chain around my neck,
And lead me anywhere
Oh let me be
Your teddy bear.

I don't wanna be a tiger
Cause tigers play too rough
I don't wanna be a lion
Cause lions aint the kind
You love enough.
Just wanna be, your teddy bear
Put a chain around my neck
And lead me anywhere
Oh let me be
Your teddy bear.

Baby let me be, around you every night
Run your fingers through my hair,
And cuddle me real tight"

Cléo se sent abandonnée, Johnny se sent profondément seul, on distingue dans le film deux sortes d'ennuis, un positif que l'on pourrait qualifier de contemplatif, il s'agit des  moments qu'ils partagent ensemble et un autre intrinsèquement lié à la solitude que tout homme a pu un jour ressentir dans sa vie. Tout ce qu'il recherche c'est de la tendresse, de l'authentique mais le monde superficiel dans lequel il évolue ne peut réellement lui offrir alors il s'auto-protège, on suppose que ce sont des blessures passées qui l'on mené à ce repli sur lui-même ou plutôt cet oubli de lui-même, cette  mise à l'écart de son souffle vital. En étant froid et sans vie, il parvenait à ne pas sombrer. Il a peur de l'altérité mais avec sa fille, c'est différent, c'est ce qui rend leur relation si particulière. Fréquenter les autres, Cléo doit s'y préparer puisqu'elle va en colonie de vacances. Contourner les règles sans en avoir l'air Johnny le maîtrise parfaitement, en restant impassible bien sûr. Il n'évoque rien de bien entreprenant, il suffit de cacher un peu de nourriture dans son armoire au cas où elle aurait un petit creux. Chacun donne donc à l'autre une partie de lui-même. C'est un juste équilibre à trouver : il lui a appris à retenir sa respiration quand il le fallait, elle lui a rendu son souffle. Ainsi, il pourra vivre dans les meilleurs moments, elle survivre dans les pires mais idéalement chacun devrait faire face à l'adversité sans perdre sa motivation de vivre. Enfin, il renverra la balle de ping-pong, on aura un véritable échange avec sa fille. Question, réponse. Nous avons enfin une interaction avec le monde mais pas n'importe lequel, le sien. Il faut attendre 1h 13 pour qu'il s'éveille mais enfin il nage, il sourit. Elle ne pourra pas le quitter, elle ne pourra rien attendre d'autre de lui que d'être son père. Aucun poids, il se sent léger et libéré en sa présence, comme le montre symboliquement le plâtre qu'il retire avec joie. Il peut-être à l'aise, lui-même. Alors qu'il semblait chagriné de devoir emmener sa fille avec lui, il souhaiterait désormais qu'elle reste un jour de plus en sa compagnie. Il n'est plus seul, ce n'est pas feint et il peut revivre. A 1h16 on le voit, au premier plan jouant du piano, il agit, il parvient à remuer ses mains, ses liaisons nerveuses semblent à nouveau reliées à son cerveau. La minute suivante, on aperçoit la fameuse voiture roulant vite mais plus à vide. Au lieu d'y accueillir un fantôme elle abrite deux personnes qui s'aiment et se comprennent, à leur façon, Somewhere est donc aussi l'histoire d'une relation père/fille singulière, probablement à l'instar de celle que la réalisatrice a entretenu avec son père.
Pour survivre, ses parents ont délaissée Cléo, alors qu'elle leur aurait permis de vivre.  Qui peut-on blâmer ? Personne. Le monde est absurde comme on peut le voir à travers le système qui enferme l'acteur, qui l'emmure. Les télévisions se précipitent telles des charognes sur les petits bouts de vie qu'elles peuvent trouver mais en en façonnant l'image elles en détruisent l'essence. Sur l'écran, dans les reportages, dans les festivals on ne verra jamais du vrai. C'est notre société qui fonctionne de cette manière, telle un rouleau compresseur elle risque à tout moment de nous écraser et de nous engloutir dans ses profondeurs. Alors on a peur, on ne réagit pas forcément de la meilleure des façons, puisque l'homme n'est pas perfectible. Dans le pire des cas, comme Johnny on devient solitaire, cela ne signifie pas qu'il a oublié les autres, peut-être tout simplement qu'il se sent trop faible et ne peut s'occuper de personne d'autre que de lui-même, ce qui explique son absence dans la vie de sa fille, la fuite de ses responsabilités. Il l'aime profondément, lorsqu'elle pleure dans la voiture on devine que sa détresse ou sa solitude lui brise le cœur, cela le renvoie à ses propres angoisses. Mais il la laisse partie en colonie de vacances, il reprend ses distances pour survivre en attendant d'avoir la force de vivre. C'est progressif, c'est difficile, c'est le fruit d'une lente évolution et c'est ce que je vois en Somewhere. Si l'on me dit que c'est un film bâti sur du néant, je répondrai alors que c'est vous les critiques amateurs ou professionnels qui n'y voyez rien, aveuglés par les phares de la société.

Penchons-nous désormais sur la fin : est-ce un retour à la case départ ?

"Je suis rien, je veux rencontrer Jules Verne."dit-il au téléphone à Leila, la mère de Cléo.

Alors qu'il avait trouvé le moyen de supporter la solitude avant de renouer des liens avec sa fille, cela le déchire désormais. Il a besoin de quelqu'un mais personne ne vient, Leila lui dit non, elle sent que ça ne va pas mais elle n'en perçoit pas l'ampleur, elle dit juste "non" et reste éloignée, inatteignable, le figeant dans sa solitude, alors qu'il avait fait la difficile démarche d'avouer sa faiblesse, de saisir le téléphone et de composer un numéro. Ce qu'a fait sa fille est à la fois merveilleux et horrible, en réveillant la vie en lui elle en également la réveillé la douleur. N'étant plus froid,  il tombe dans les gouffres du désespoir. Après une lente anabase on assiste à la catabase alors que la non-vie le maintenait dans une certaine médiocrité, aucun excès de sentiment. Maintenant qu'on lui a enlevé ce fameux don de ne rien ressentir, comment peut-il tenir le coup et ne pas s'effondrer ? Comment peut-il se lever chaque matin ? Les gestes sont donc mécaniques, l'eau des pâtes est brûlante mais il n'y prête aucune attention, il les verse dans l'égouttoir, sans rien penser ni sentir. On suppose qu'il prend des anxiolytiques (d'après le début du film), ils l'aideront sans doute pour le quotidien mais jusqu'à quand ? Alors il flotte encore sur l'eau pour redevenir comme avant, et s'insensibiliser à la vie. Le jour est venu où rester dans son hôtel, tourner en rond est devenu insupportable, on ne sait où il va mais il doit partir, bouger, évoluer. Il prend donc la route jusqu'à ce que la voiture n'ait plus d'essence et continue à pied, l'horizon s'étend à perte de vue, cependant il avance tout droit, tout seul certes mais droit devant lui. (On se rappelle d'une fin semblable : celle de Seul au monde...) On ignore où il va, peut-être que finalement, lui non plus mais au moins il avance...
"Ne pas monter bien haut peut-être,  mais tout seul" disait Cyrano...

jeudi 22 décembre 2011

Le vent se lève (The Wind that Shakes the Barley )

Critique

On connaît tous de manière plus ou moins vague l'histoire mouvementée de l'Irlande, le combat forcené de ses indépendantistes contre les troupes anglaises au début du XX ème siècle. Mais nos connaissances sur le sujet restent floues et finalement peu d’œuvres en font leur objet, The Wind that Shakes the Barley vous plonge au milieu d'un groupe de résistants et plus particulièrement de la vie de deux frères puisque Damien rejoint le combat deTeddy, l'aîné. Ken Loach est assez froid, c'est anti-hollywoodien et je trouve cela intéressant. Ne pas avoir fait du flamboyant avec une belle photographie, une belle BO cela sert le scénario. En effet, s'il y a des larmes, le larmoyant est aux antipodes du film. Le réalisateur n'a pas voulu jouer avec l'âme celtique et n'a pas fait ce qu'on pouvait attendre de ce genre de film, si cela peut nous sembler déstabilisant, il faut comprendre que c'est un choix. Ken Loach prend parti, toujours, on est prévenu :  il fait du cinéma engagé. Cela nous aide à prendre conscience des évènements qui se sont déroulés en Irlande, on peut d'ailleurs considérer que ne jamais se situer du côté de la Grande-Bretagne rééquilibre l'histoire, il s'agit de révéler ce qui était resté dans l'ombre. Cette guerre est souvent tue, porte-t-elle seulement le nom de guerre ? L'accent est mis sur la pauvreté du pays, on comprend que beaucoup aient décidé d'émigrer, le film n'est pas tourné en épopée à l'Américaine d'ailleurs. Le réalisateur a voulu faire ressortir de la dureté, par la forme et le fond avec les violences, les cris, les paysages... on ne peut nier cette réussite. Le plus intéressant et poignant, ce sont les déchirements au sein même de l'Irlande, le début est très dur, montrer tant de violence était-il utile ? Dans le but de choquer, oui et cela fonctionne. On remarque quelques longueurs dues aux longues discussions politiques, ou tergiversations des indépendantistes,  la marque de fabrique du réalisateur, c'est relativement long mais assez réaliste, cela permet d'autre part de montrer les divisions internes aux groupes indépendantistes, les dilemmes moraux auxquels ils sont confrontés, le cinéaste ne se contente donc pas de faire un film à l'honneur des irlandais oppressés, ce qui correspondrait à un motif social de fond mais fait ressurgir de manière éclatante la complexité de la situation qu'ils ont vécu sur le plan humain ou politique.

Nommé en même temps que Marie-Antoinette (l'excellent film de Sofia Coppola), Le Vent se lève a remporté la palme d'or.  On peut penser qu'il a été choisi car il ne correspond pas aux films que le spectateur a l'habitude de rencontrer sur son chemin, qu'il soit cinéphile ou non. Cela reflète une volonté de récompenser un cinéma moins populaire, les films de Ken Loach étant peu diffusés (au cinéma comme à la télévision), peut-être qu'il existe aussi des enjeux politiques dont on n'a pas conscience, je ne pense pas que ce prix ait ravi les Anglais... Bref, il s'agit d'un film marquant, probablement le meilleur de Ken Loach.

Le titre du film fait référence à une vieille chanson irlandaise qu'on entend lors de la marche dans la brume...


Une autre version...


mercredi 23 novembre 2011

Drive, "there's something inside you, it's hard to describe"

Le synopsis d'après Allocine

"Un jeune homme solitaire, "The Driver", conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. (...) la route du pilote croise celle d’Irene et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul.
Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal…
Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…"

     Le scénario peut sembler faible au premier abord, les détracteurs du film y voient un objet long et ennuyeux sans véritable moteur. (le comble quand on s'appelle Drive)  mais il se révèle extrêmement bien construit. On pourrait probablement trouver plus riche ou subtile ailleurs mais il permet ce qui à mon sens est l'élément premier pour un film réussi : l'harmonie. Oui, l'harmonie entre l'écriture et tous les aspects de la réalisation, c'est-à-dire que le talent des acteurs, la musique (que ce soit une bande originale ou des morceaux soigneusement choisis), etc se fondent en un ensemble cohérent et porteur d'émotions.


     
     On notera donc des éléments plus ou moins évidents, partons de l'analogie entre le personnage principal et le scorpion. Lorsqu'il sort de l'ascenseur après avoir littéralement démoli un de ses poursuivants, la caméra le montre de dos, sa veste sur laquelle est dessinée un scorpion remue sous le souffle du vent. L'animal semble prendre vie, notre "driver" s'animalise de plus en plus pour devenir un véritable prédateur. On remarque qu'il n'utilise jamais de revolver, il se défend toujours à mains nues ou à l'aide d'outils divers tels qu'un marteau. Les objets pointus nous rappellent le dard du scorpion, au lieu d'être un simple moyen ils deviennent le prolongement de sa force. La dernière partie du film, la plus violente est celle qui se consacre à la mue de notre héros, celui-ci revêt une nouvelle peau avec son masque de cascadeur, c'est ainsi qu'il tue un homme dans l'eau. Cette fois la métaphore animale apparaît à travers la figure du requin, le plus grand prédateur marin. L'animal est également récurrent, on se rappelle d'une scène quasi programmatique au début du film où il regarde, en compagnie du fils d'Irène un documentaire sur les requins. Il demande s'il existe des gentils requins... Cette question marquera l'esprit du spectateur, sa réponse demeurera en suspens. On apprécie ce héros violent, il est le gentil de l'histoire mais la violence, par sa gradation peut choquer autant qu'elle fascine...


     De façon plus subtile, le scénario est la clé d'une des dernières scènes. En effet, on croît le personnage principal mort, immobile il repose devant son volant, les yeux ouverts. On espère le voir cligner des yeux mais la scène se prolonge nous rappelant le regard vide de Marion dans "Psychose", c'est à cet instant qu'on devrait se rappeler d'une conversation anodine entre le "driver" et le jeune garçon d'Irène, au début du film. Ils s'observent et il lui dit : "Tu as cligné des yeux." Ce petit jeu où le perdant est le premier à cligner des paupières révèle la capacité du héros à se maîtriser quand il le faut et à garder son sang froid, tel un requin effectivement. Il parvient ainsi à garder les yeux ouverts bien plus longtemps que la plupart des gens, ce qui est vérifié par la suite, ces yeux se ferment, il est vivant. Symboliquement, on peut considérer qu'une partie de lui-même est morte puisque la vie est symbolisée par des yeux qui se ferment, comme s'il lui avait fallu pour survivre sacrifier son humanité.

     Cette maîtrise, celle du conducteur est omniprésente. Ses aptitudes à l'auto-défense, son instinct de survie se révèlent de manière anticipée quand il s'amuse avec sa voiture avec Irène. La scène se répétera plus tard, en d'autres circonstances, nous dévoilant un plan presque semblable. Ces figures presque artistiques lui sauveront la vie, c'est pourquoi il se comporte toujours en conducteur, on ne nous le montre jamais autrement, on ne peut d'ailleurs l'appeler que "driver". Les mouvements de caméra, très fluides donnent l'illusion d'une conduite, toujours en mouvement il semble lui même toujours au volant d'une voiture. Cette dernière est en quelque sorte le prolongement de son être, il se comporte dans la vie comme il conduirait une voiture. Son métier n'est pas seulement sa fonction mais son essence. Parfois la caméra donne l'impression qu'il est suivi par une force invisible, comme si son destin le rattrapait, ce poids pèse constamment sur ses épaules et ajoute une tension supplémentaire au film.

     Cela se manifeste également par sa passion avec Irène. Carrey Mulligan est d'ailleurs parfaite, elle possède une certaine beauté silencieuse (on se rappelle de Never Let me go), et les silences sont justement bien placés, en écho aux jeux d'ombre et de lumières, tout prend donc place de façon mesurée. Cela laisse bien entendu le champ-libre aux regards qui s'épanouissent par l'intermédiaire des acteurs, excellents. L'amour ou la passion (cf les paroles de "Under your spell" de Desire ) n'ont donc pas besoin d'être dits et ne le sont jamais. Si les dialogues sont relativement peu présents, les voix des personnages s'expriment davantage à travers les chansons soigneusement choisies. Elles ont des sonorités électroniques, obsédantes, on peut considérer que ce sont elles et leurs paroles qui dévoilent l'âme des personnages. La passion silencieuse d'Irène se déploie alors dans toute sa force par leur intermédiaire ou par l'intensité du regard comme nous l'avons vu précédemment. La jeune femme n'a pas de rôle direct dans cette histoire, elle ne peut qu'être passive et subir les évènements. Si l'on peut être déçu de sa faible présence dans la seconde partie du film on remarque l'intérêt de son effacement, de son impassibilité. La calme extrême du personnage contraste avec la tension du film, palpable de la première minute à la dernière. Cette opposition de la force et de la sérénité est remarquable, on peut également y trouver l'antithèse entre essence et apparence.


     Notre "driver", n'ayant ni nom ni prénom incarne à merveille la figure de l'autre qui pénètre dans une vie et la bouleverse. Il s'agit de l'autre qui fascine mais aussi celui qui représente un danger. C'est précisément ce qu'il constitue face à Irène même s'il agit pour la protéger, c'est pourquoi leurs échanges sont toujours aussi captivants, ils renferment une sorte d'insoluble mystère qui procure au spectateur une forme d'attirance autant qu'aux personnages. Notre cascadeur, par essence, animal solitaire se met justement à rêver de ne plus être seul, il semble que cela soit pourtant la seule condition qui puisse l'attendre, comme si le destin l'y contraignait. Ce n'est qu'à la fin du film qu'il accepte cet état et renonce à ses espoirs de vie avec la jeune maman, il accepte totalement son identité et la solitude qui en découle. Sa transformation s'est achevée et c'est par amour, c'est-à-dire le sentiment le plus humain qui soit qu'il renonce à la normalité. Le film s'achève ainsi sur un paradoxe, nous laissant quelques minutes dans le silence du générique...

    Ce sont pour moi, toutes ces raisons qui font de Drive un des meilleurs films de l'année, un film qui fait d'ores et déjà partie des classiques du cinéma américain...



 "there's something inside you, it's hard to describe" paroles extraites de "Nightcall" deKavinsky

lundi 10 octobre 2011

Pour1Ecran

Mon premier blog n'avait pas de thème particulier mais s'est rapidement tourné vers les écrans, petits ou grands. J'ai ainsi décidé de réunir les meilleurs billets sur Pour1écran, un ensemble plus cohérent. Je reporte les articles uns par uns, le projet n'en est donc qu'à un état embryonnaire et la mise en page ne devrait pas tarder à s'améliorer...

mardi 23 août 2011

Captain America, first avenger.

Apparemment le film est fidèle aux premiers Marvel mais n'étant pas spécialiste du genre, il m'est difficile d'en parler. (je vous dirigerai donc vers cette critique, on ne peut plus enthousiaste de Delromainzika : Captain America, une adaptation dépassant les attentes.) Ce n'est pas du grand cinéma, on n'atteint évidemment pas la dimension des derniers Batman, ni la qualité des Spiderman de Sam Raimi mais l'on apprécie ce blockbuster, bien construit malgré des longueurs et une surenchère d'explosions  qui est presque parvenue à m'ennuyer. Il s'agit donc d'un show à l'américaine, de ceux qu'on aime et dont les symboles nous font rêver.

Et justement, le manichéisme est de règle dans Captain America, il répond à l'époque du film mais nous surprend également car il se fait plus rare de nos jours. Le succès de Batman en est un très bon exemple, on cherche à approfondir ces histoires, notamment la personnalité des méchants. Le dernier Superman présentant un Lex Luthor lisse échoue tandis que la série Smallville s'étant longuement intéressée à ses origines a connu un succès notable. Est-il donc encore possible de faire du super-héros comme autrefois ? On ne peut nier le charme de Captain America lié à cette ancienne Amérique, lié à cette lutte du bien contre le mal, tout simplement... En temps de crise on ne peut identifier de coupable même si on en ressent le besoin à travers Kerviel et cie, emblèmes de la crise, dans notre vie personnelle on ne peut pas toujours agir pour améliorer les choses, on ne peut donner un sens aux malheurs par des biens supérieurs. Or, dans ce monde de super-héros, tout est plus simple, au moins en apparence, l'Histoire-même puisqu'on nous plonge dans une guerre mondiale édulcorée.

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Ainsi Captain America est très classique, on y retrouve des ingrédients basiques : la mort d'un parent ou d'un ami qui finira de forger la volonté de notre héros, (le professeur jouant ici le rôle du père ou du créateur, ses paroles sages guideront le personnage et lui rappelleront ses origines) une histoire d'amour impossible qui lui brise le cœur l'entraînant dans une insondable solitude, un vilain aussi vilain qu'hideux.  L'honnête Steve, au cœur pur est courageux, un peu maladroit dans les relations sociales (cf Clark Kent, Peter Parker...) mais surtout opiniâtre. Rien d'original mais c'est réussi. Green lantern étant sorti peu avant, The Dark knight rises, les prochains Superman (toujours à l'écart des autres) et Spiderman comptant parmi les films les plus attendus des années suivantes, on peut se demander quelle est l'ampleur de la vague super-héroïque ! Une question est de plus en plus fréquente : Marvel ou Comics ? Peu importe la réponse, cela montre leur retour en force, cette émulation me semble bénéfique.  Si c'est le cas, cela annonce d'ores et déjà des sujets d'études aussi riches que fascinants. Entre nos rêves d'enfance et  nos doutes d'adultes, ils n'ont pas fini de nous captiver, ces super-héros et ce n'est pas pour me déranger...

mercredi 13 juillet 2011

3D VS 2D, un article en partenariat avec les Plumes asthmatiques

Les Plumes asthmatiques (quel beau nom...) m'ont invitée à écrire un article sur leur blog, suivez le lien si vous osez !

3D VS 2D

Et maintenant sur le tout nouveau blog des Plumes asthmatiques (que je vous invite largement à découvrir ! ) : 3D VS 2D

En bonus : Swing Little girl


vendredi 24 juin 2011

Brothers & Sisters : Every teardrop is a waterfall



Je m'intéresserai principalement à la quatrième saison.  
(article empli de spoilers pour ceux qui ne l'ont pas vue ! )

http://i1.cdnds.net/10/06/M/tv_brothers_and_sisters_logo.jpg
Après ma première chronique sur la série ici, je m'attaque à la quatrième saison, probablement la plus poignante. La palette des thèmes abordés est étonnante : le coming-out avec Kevin qui découvre à 14 ans son homosexualité, le cancer avec Kitty, la fausse couche avec Rebecca, très bien gérée, la vieillesse (Alzheimer) avec la mère de Norah, les grossesses après 40 ans suggérées un épisode avec Sarah,  la crise identitaire de la quarantaine avec Kevin et Robert qui se cherchent professionnellement,  le SIDA avec Saul...



Mais commençons par parler de Robert que j'avais mis de côté la dernière fois, cette fois, cela s'impose.... Il est lié à Kitty par sa passion pour la politique, son ambition, son caractère fougueux, c'est pourquoi leur relation dans un premier temps de l'ordre du coup de foudre devait s'égarer dans le conflit pour mieux renaître. La maladie de Kitty en sera l'élément déclencheur et laissera apparaître un personnage plus drôle et serein, il se rapprochera de Norah avec qui il partageait une relation complexe. En effet cet électron libre ne correspond pas à sa vision de la famille, il rappelle le passé de Kitty à New York, lorsqu'elle avait pris ses distances, comme le fera Tommy bien plus tard. Il semble qu'il faille toujours un outsider, un frère ou une sœur qui prenne du recul et puisse en revenant apporter un regard nouveau sur la famille Walker (je pense déjà à Justin lors de la saison 5 mais c'est une autre histoire...)

Kitty...est-il vraiment nécessaire de parler de son cancer ? Les objets dramatiques sont décidément très nombreux dans cette saison. Sa peur, son silence car si les Walker parlent beaucoup ils savent dissimuler leurs souffrances. Pas à pas on découvre sa chimiothérapie, les choix qu'elle devra faire, sa volonté de contrôler son destin, l'idée de la mort rarement explicité mais planant toujours dans son regard. Cette intrigue a bâti une bonne partie de la saison, l'inscrivant parmi les plus émouvantes de celles qu'il m'ait été donné de voir !

La dernière fois, je ne me suis pas intéressée aux enfants de Sarah, pourtant ils croisent eux-aussi notre chemin....Paige pressent toujours les malheurs, au début de la série elle assiste à la mort de son grand-père, elle découvre ensuite la maladie de Kitty alors qu'on voulait lui cacher. Cette maturité lui permet d'accepter les situations qu'elle ne maîtrise pas, du divorce de ses parents lors de la saison 1 à l'arrivée de Luc. Paige est une enfant très stable qui grandit et chemine vers l'adolescence, en revanche son frère plus jeune et agité aura une réaction différente à l'arrivée de Luc, c'était prévisible, de façon peu originale la série montre d'abord l'excitation du jeune garçon pour ce Frenchie super cool qui débarque, tel un copain de jeux puis son agressivité quand le peintre s'installe à la maison, prend la place de l'homme et comme Sarah, instaure des règles. On approfondit donc le thème des familles recomposées puisque Luc et Cooper construisent leur propre relation. Mais le plus important dans cette histoire reste pour moi le passage d'une relation idéalisée, à une réalité concrète. Le coup de foudre survenu en France s'éloigne pour ne demeurer qu'un lointain souvenir. On remarque au passage les beaux clichés de la France, les femmes enceintes boivent du vin, on aime le fromage, les omelettes, etc. Il faudra se confronter au quotidien, aux détails auxquels on n'avait pas pensé, à divers désaccords pour que le couple tienne le coup, c'est une évolution très intéressante. Quelques épisodes plus tôt, Sarah avait d'ailleurs dû choisir entre l'amour ou la raison, la sécurité ou la passion. Essayer de se convaincre qu'elle aimait ce sage père divorcé fut un échec. (oserais-je un lieu commun mais criant de vérité : l'amour a ses raisons, que la raison...)

Après l'adoption pour Kitty, est venu le tour de Scotty et Kevin (je parle souvent de Kevin en premier étant un Walker alors pour rétablir l'équilibre je place Scotty devant, eh oui c'est qu'on l'aime aussi notre Scotty !) Il s'agira cette-fois d'une mère porteuse, avec tous les problèmes techniques, s'y rapportant, la loi, la conception, la réaction psychologique des personnages... Kevin était le plus motivé des deux, son compagnon ayant encore quelques craintes, la situation s'inverse en fin de saison... Quoi qu'il en soit, le couple demeure le plus solide de la série, les personnages s'aiment et son complémentaires. What else ?

Justin et Rebecca quant à eux sont vraiment semblables, ils dissimulent leurs émotions, préfèrent les gérer seuls. Elle avec sa fausse-couche, lui avec son camarade mort en Afghanistan. Rebecca finit par vouloir aller de l'avant, se projeter dans le futur en achetant une maison, c'est sa réaction, Justin songe à reprendre du service chez les militaires, il veut appartenir à un groupe, sentir cette émulation, se sentir nécessaire à une cause.

Parallèlement nous avons cet appel que ressent aussi Robert : servir une cause qui nous dépasse, qui nous est supérieure. Robert l'ambitieux accepte donc cette mystérieuse mission alors qu'il l'avait refusée dans un premier temps. Lui qui semblait désœuvré... il ne pouvait vivre en père au foyer plus longtemps, on ne reconnaissait d'ailleurs pas vraiment ce nouveau Robert, comme si l'appel du destin était inéluctable. (ce que le dernier épisode confirmera hélas) Cette perte de projet, de motivation habite aussi Kevin. Ah Kevin, je ne pensais pas que ce serait possible mais je l'aime encore plus avec cette saison 4. Cette tête de cocker triste peut lui donner parfois un aspect comique mais le personnage reste un  des plus bouleversants de la série. Le double épisode mériterait d'ailleurs une page spéciale.  J'ai adoré cette immersion dans les 80's sur fond de Cindy Lauper (Time after time), ce regard de Kevin quand il comprend qu'il est au cœur du chantage, ce déchirement intérieur, cette culpabilité sont inoubliables. Le fait qu' un évènement dont on ignorait l'existence mais qui était présent depuis le commencement puisse remettre toute une vie en cause et vous faire perdre tout repère est une idée percutante. Quant aux souvenirs de chaque Walker  refaisant surface façon Cold Case... bouleversant. (pas de fausse note dans la mise en scène qui utilise avec justesse un très bon casting. On croît à ces Walker des années 80,  chapeau pour le choix du jeune Tommy...) On n'avait jamais parlé du coming-out de Kevin mais son adolescence difficile a été subtilement évoquée durant toute la saison par ses propres remarques, il avait peu d'amis...En y repensant a posteriori on trouve l'intrigue construite avec une certaine progression mais sur le moment, l'effet de surprise était déchirant.


Mais cette saison, l'on pourrait également décerner la palme d'or à Norah. On la trouve à la fois forte et vulnérable, elle veut protéger ses enfants, elle n'est pas parfaite, a fait des erreurs. Elle est totalement démunie face à des évènements qu'elle ne contrôle pas et qui peuvent détruire ses enfants, Tommy d'abord, ensuite Kitty ensuite Kevin et de nouveau Justin, tiens ça faisait longtemps, cet ami mort tombe à merveille. (mais mince, ils veulent nous faire mourir de tristesse les scénaristes avec cette saison...) Elle se recentre donc totalement sur ses enfants à partir des problèmes d'Ojai Food mais elle a souffert de sa liaison avec ce médecin douteux, il la trompait... Alors qu'elle possède tant d'expérience et de lucidité sur la vie, qu'elle a l'habitude de la trahison, elle s'est laissée allée au piège de l'amour... Elle a eu le courage de se lancer dans une aventure, de laisser tomber les protections qu'elles avaient bâties, c'est avec brio qu'elle se remet de cette épreuve. Norah, je t'admire !

La  saison 4,  c'est le turning point pour les Walker, c'est la saison qui nous rappelle que tout change. Cette évolution, si on la pense sans cesse, si on en parle et l'imagine, on ne parvient pas toujours à l'enclencher, il faut attendre le bon moment. Et après des mois ou des années d'attente, des éléments extérieurs viennent bousculer notre vie, ils nous poussent dans nos retranchements, nous obligent à vaincre nos peurs, à nous remettre en question et enfin, tout change. Alors c'est irréversible, plus de retour en arrière possible, on se dirige droit vers le futur. Le futur, celui que Norah et Holly contemple à Narrow Lake. (astucieux cet anagramme) Parmi les changements majeurs on a les adieux à Ojai food qui touchent principalement Saul et Sarah.

Parlons du premier que j'avais laissé le personnage dans l'ombre lors de ma première chronique. Il en blague d'ailleurs, selon lui il est le seul homo sorti du placard qui risque d'y retourner ! Il n'est pas au cœur de la famille, il gravite autour mais est toujours fidèle au poste. Sa solitude lui pèse, son amertume se ressent souvent. Les autres Walker sont assez égoïstes face à lui, seule sa relation avec Kevin et Scotty est vraiment désintéressée et épanouissante. On ignore tout de sa vie privée, on la suppose inexistante en raison de son travail et de son investissement pour les Walker... La question du SIDA le place au devant de la scène, est-il séropositif ? Peut-être, peut-être pas... après un doute, je me suis finalement laissée guider par les scénaristes,
et surprendre par le retournement de situation final. Je suis désormais certaine de ne pas être cardiaque, merci aux Walker !

Sarah, jeune a fait peu d'erreurs,  a brillamment réussi sa carrière, ses études... Sa confrontation à l'échec est depuis le début de la série un élément fascinant.  Je me souviendrai toujours de ce passage chez le psychologue où elle parle de son divorce avec Joe, ici l'échec est la vente d'Ojai. Elle n'en a pas l'habitude, elle en est profondément blessée, c'est si dur de tourner une page de tout recommencer pas à pas, de tout reconstruire et de simplement revenir aux premières étapes d'un projet, l'amour, le travail peu importe...c'est toujours désorientant, c'est le vent du changement qui tantôt nous exalte, tantôt nous effraie. Ce n'est pas mon personnage préféré mais je l'avoue, la voir pleurer m'émeut toujours au plus haut point.

William, on est obligé d'en parler. William, cette ombre qui se meut dans le dos des Walker depuis 4 saisons ! On le déteste encore et encore mais on hésite : aimait-il sa femme ? Avec la découverte des plans d'une maison qu'il destinait à Norah, on en est désormais convaincu, c'est la force de la série. Ce sale type ne sera pas diabolisé, ce serait trop simple. Nous voici encore  devant la complexité de la vie, celle à laquelle on est confronté tous les jours. William et Norah...quelle énigme. On ne peut vraiment la comprendre, il faut accepter ce mystère. Il fréquentait d'autres femmes,  était malhonnête,  a pris des mauvaises décisions mais possédait un charisme indéniable mais surtout il aimait sa famille avec sincérité. (rappelons-nous de ce grand-père et sa petite-fille assis au bord d'une piscine...)La série nous rappelle donc l'étonnante complexité du genre humain.

On parle souvent des personnages mais peu d'Ojai, pourtant tout s'y est passé, c'était le centre de B&S, l'architecture de la série. C'est comme si William vivait encore par l'entreprise. Kevin a rencontré Scotty quand il y travaillait. Saul, l'électron libre qu'on oublie trop souvent (au milieu de toute cette agitation Walkerienne, on le perd de vue ce que est fort dommage.) Les problèmes d'Ojai auraient pu selon moi être mis de côté durant certains épisodes à son profit, son coming-out avait été par exemple bien géré. Je me souviens d'une réflexion qu'il avait faite à Kevin , disant qu'à son époque être homosexuel était moins facile, l'accident d'Aaron montre que ce n'est pas le cas.

Ce qui est merveilleux avec Narrow Lake c'est que l'entreprise, la partie magouille de William disparaît mais la renaissance se fait pas l'anagramme de Norah, par la part d'amour qu'il lui portait. Cette image de l'eau jaillissant du sol est remarquable, une véritable renaissance, on nous y fait croire en plus et Saul paraît sincère mais l'épisode suivant bouleverse toutes nos théories. B&S la série qui remet toujours tout en question, toutes nos théories sur la vie.


Nous pourrions également consacrer un article entier à l'épisode d'adieux à Ojai. (pour cela je vous invite à consulter certains blogs où vous trouverez, des reviews très soignées des épisodes, trois points de vue différents d'amoureux de B&S : Critik en séries, Des news en séries et Judging series) Les dernières minutes sont mémorables,  le silence est tellement rare dans la série qu'il en devient encore plus précieux. Le magnifique air irlandais chanté par Scotty parachève cet instant unique. La tension palpable est celle des moments qu'on ne peut commenter...



C'était presque un final season, mais pas seulement. Ce sera tout pour aujourd'hui. Lights out.

A bientôt pour nos dernières aventures avec B&S.


P-S Pourquoi Every teardrop is a waterfall ? Quand j'ai commencé cet article, il y a plusieurs semaines, Coldplay a sorti le premier single de son nouvel album et j'ai trouvé que le titre correspondait bien à la série...

mercredi 8 juin 2011

Juno, petite balade adolescente



Juno, c'est beau. Juno c'est une BO. D'ailleurs le film se raconte à travers elle, d'ailleurs, qui n'a pas souri en entendant "Anyone else but you" ?
Je pourrais vous parler de cette adolescente pas comme les autres, de son regard sur la vie, des dialogues drôles ou tristes, je pourrais vous dire à quel point son histoire d'amour est touchante, à quel point la réalisation est réussie mais je ne m'étendrai pas... Les garçons portent tous le même short, ils courent tandis qu'elle passe au milieu d'eux,  ce genre de plan revient régulièrement, c'est bien pensé. Cette fille au drôle de prénom est différente comme le dit la mère de Paulie Bleeker. Ce film assez léger ne tombe jamais dans les clichés, intelligent, teinté d'humour il nous ballade de chanson en chanson.  (au sens propre quand on voit les premières minutes) C'est du teen comme on l'aime avec des acteurs toujours justes. (les sériephiles auront une pensée pour Alias ou The Closer) L'accent n'est pas mis sur la grossesse, on la voit simplement évoluer au rythme des saisons, on note peu de prises de tête avec Juno qui s'avère être aussi rafraichissant que sympathique. L'adolescente erre encore entre l'enfance avec son drôle de téléphone hamburger et l'âge adulte mais son indépendance, son sens de la répartie font d'elle un être remarquable, plus mature que la plupart des adultes. Une question revient souvent, mais comment se définit-elle ? Elle ne peut pas répondre, elle ne peut rentrer dans une case créée par la société, elle c'est Juno, c'est tout ce qu'on peut dire !  Sa relation avec son père est elle aussi loin des stéréotypes, sa petite discussion avec lui à propos de l'amour est assez amusante. Tout ce qui pourrait être sérieux est dédramatisé dans Juno, c'est la vie et on la prend comme elle vient avec humour ou amour. L'idée du "le garçon que tu choisiras devras t'aimer pour ce que tu es, même quand tu seras moche, etc" est assez classique mais donne une jolie couleur à l'histoire, la fin s'annonce tranquillement... Le dénouement est tellement charmant qu'il est difficile de lui trouver des défauts, tellement charmant que j'ai mis 5 étoiles au film sur Allocine (ce qui n'a en soi aucune importance) et que j'ai déjà téléchargé sa BO. Beaucoup de Kimya Dawson, du Belle & Sebastian et le meilleur pour la fin : "Anyone else but you" interprété par Michael Cera et Ellen Page.



A voir absolument.

mardi 31 mai 2011

Blue Valentine, un écho de Eternal Sunshine of the Spotless Mind

J'ai hésité avant de faire cette petite critique mais ayant adoré le film, j'ai décidé de partager avec vous quelques idées et de le croiser avec Eternal Sunshine of the Spotless Mind...

http://thecurrent-online.com/wp-content/uploads/2011/01/Blue_Valentine_6144.jpgBlue Valentine, c'est une douleur sourde qui vous envahit, celle des histoires d'amour qui finissent mal. J'ai beaucoup pensé à Eternal Sunshine of the spotless mind en le voyant... Les acteurs sont excellents (Ryan Gosling et Michelle Williams), la BO est excellente, la réalisation, très typée films d'auteur (d'où la nomination au célèbre festival américain de Sundance) est je trouve un petit bijou. Le scénario dégage une sorte de simplicité et de fluidité en même temps. Je ne m'attendais pas tout à fait à ça après avoir vu la bande-annonce, le film est finalement assez court, comme si l'on n'avait pas le temps de se saisir de l'histoire... La mise en scène est placée sous le signe de la spontanéité, de la sincérité notamment grâce à certaines improvisations. On est bien dans du "Sundance" ici, la liberté artistique est laissée aux acteurs. L'entrelacement des deux époques, l'amour naissant puis la déconstruction de la relation se font écho. On trouve encore de la tendresse entre les personnages, c'est en cela que j'ai pensé au film de Michel Gondry, une sorte de fatalité qui les sépare et les attire en même temps.

La dernière scène est bouleversante, Dean s'éloigne et un feu d'artifice s'esquisse au loin. La mélancolie est au cœur de l'histoire mais apparaît aussi dans l'ambiance, le flux et reflux des souvenirs tantôt doux, tantôt tristes.

Le réalisateur, Dereck Cianfrance accorde beaucoup d'importance à la mémoire, il fait défiler devant nos yeux une romance qui naît, puis se défait. On ne vit jamais l'histoire, on en est complice, comme si dans la vie il y avait toujours une caméra au coin de la pièce pour nous épier, la caméra de la mémoire, celle qui transmet, déforme les images du passé. On est dans cette partie de l'esprit des personnages, on assiste à leur vie, on en suit les premiers regards, les premiers baisers, les premiers malaises sans rien pouvoir penser d'autre que "c'est la vie". Oui cette souffrance qui joue en sourdine mais sans jamais nous quitter, c'est la vie et comme son nom l'indique, Blue Valentine est l'histoire d'un amour brisé mais d'un amour vrai.



La raison a toujours été impuissante face ce sentiment : éviter le blues, ce ne serait pas vivre, il faudrait donc accepter les évènements, bons ou mauvais, puisque le plus intéressant est semble-t-il de se façonner des souvenirs, comme le montre Eternal Sunshine of the spotless mind où Joel est totalement désemparé en les sentant s'éloigner, s'effacer. L'image de la plage était d'ailleurs très forte, l'eau qui s'avance, emporte avec elle quelques grains de sables et qui à chaque nouvelle vague rend les contours de la vie plus flous.

Dans Blue Valentine, Dean rappelle à Cindy dans leur cuisine, l'antre du quotidien qui les ronge "pour le meilleur et pour le pire", il ne comprend pas que ça ne marche plus, que l'amour ne soit pas suffisant. L'incompréhension est la pire des tortures d'où un fatalisme latent. La vie qui devient pesante, la routine qui s'installe... tout est sous-jacent mais on n'en parle jamais vraiment, comme si les explications n'avaient finalement aucun sens ou intérêt, que face aux souvenirs elles perdaient leur cohérence. Se raccrocher à des éléments rationnels est donc aussi vain qu'au début de leur relation.  Ils ne se ressemblaient pas, comme ses parents ne manquaient pas de le rappeler au cours du repas. Et ce n'est pas la présence de leur fille qui sauvera leur couple. "Tu penses à elle ?" demande-t-il. Elle y pense mais il semble que personne ne puisse influer sur le cours des évènements, la vie défile tel un souvenir sur lequel on n'a aucun contrôle. La grossesse elle-même n'était pas désirée, on devine que Cindy n'a jamais été heureuse (ses relations avec les hommes semblent peu saines), que sa rencontre avec Dean ne pouvait éclipser que temporairement ses questions existentielles mais peu importe puisque le générique de fin donne la dernière note aux souvenirs, quelques flashs au milieu des feux d'artifice, quelques souvenirs éphémères qui se révèlent puis se retirent.


jeudi 26 mai 2011

The Tree of life, ode à la vie

Cette fois, pas d'analyse ni vraiment de critique, juste un retour en douceur sur le blog, un retour en douceur sur... un film ? Peut-on dire que c'est un film ? Oui, peut-on qualifier The Tree of life de film ? Peut-on seulement le qualifier ?

Les avis divergent à propos de cet ovni cinématographique, le seul élément dont on peut être sûr c'est qu'il ne laisse pas indifférent, on aime ou on déteste mais difficile de ne pas être marqué par lui.

http://www.enzian.org/images/uploads/tree_of_life_pitt.jpg


Ce film est démesuré par son ambition, sa longueur, c'est du Terrence Malick ! Il est donc très difficile d'en parler de le commenter, d'autant plus que le scénario est décousu et ce n'est pas un hasard, ce point ne peut donc pas être retenu contre le film. Il s'agit de la vie que le réalisateur a tenté de capter, la vie dans son ensemble, celle qui nous dépasse, celle qu'on ne comprend pas. Inutile donc de vouloir comprendre le film parce que la vie elle-même est une énigme. On rejoint la dimension spirtuelle ou théologique de l’œuvre, toutes ces questions sans réponse à Dieu.

"Where were you ?" est récurrent, prononcé par plusieurs personnages. "Where were you ?" La religion ne peut exister sans cette question précise et Terrence Malick l'a compris.

En fait pour parler de ce film on peut se pencher sur tout ce qu'on ne comprend pas dans la vie, dans ce Tree of life.

La relation entre Jack et on père se veut terriblement problématique, ils s'aiment mais se déchirent, finalement ils se ressemblent. Le personnage de Brad Pitt est parfois violent ou détestable mais d'une complexité étonnante. Bref, il ne peut que vous rendre perplexe.

Il correspond à la nature, tandis que sa femme est la grâce. La dichotomie est fixée dès le début du film.

"There are two ways through life: the way of nature, and the way of Grace. You have to choose which one you'll follow."

Mr O'Brien regrettera son choix en perdant son travail, ses illusions. Tous ses choix avaient été motivés par cette certitude : ils étaient nécessaires. Il faut se battre pour obtenir ce que l'on veut, ne jamais renoncer... Quand il réalise que ça ne suffit pas toujours, son univers entier s'effondre. Puisque sa théorie n'est plus valable il ne peut plus vivre de la même façon. Si le film repose sur l'énigme de la vie, une réponse nous est tout de même donnée en écho à ses réflexions : le seul moyen de vivre est d'aimer. C'est la morale du film. Nous en tant qu'être minuscules ne pouvons rien maîtriser, comme le montre les images grandioses de l'infiniment grand à l'infiniment petit. Comment comprendre un univers qui nous dépassé mais dont nous faisons pourtant partie ?


Certains peuvent penser que le film, où il est difficile de suivre le scénario et où les paysages prennent une grande part n'est qu'une succession de tableaux magnifiques, que ce n'est pas du cinéma. Mais ces tableaux sont portés par un mouvement perpétuel, celui de la vie, rien n'est jamais fixe dans The Tree of life, le spectateur est emporté dans les flots de la vie avec le vent, la mer, la rivière, la caméra qui glisse rapidement, s'agite, les personnages qui marchent souvent, courent, les volcans qui entrent en éruption, les cellules microscopiques... Tout n'est que mouvement dans The Tree of life, or le cinéma c'est du mouvement, par étymologie (en grec kínêma = mouvement). La Moldau de Bedrich Smetana est donc particulièrement bien choisi parmi la BO du film, le compositeur ayant voulu donner l'impression que l'on suivait le cours d'une rivière. (et on note que la BO originale est composée par Alexandre Desplat, non ce n'est pas négligeable ! )

Si le film peut paraître lent, si l'on se demande à plusieurs reprises si la fin est proche, ce n'est qu'à cause de notre regard qui, habitudé à la vitesse perd ses capacités de contemplation. Avec The Tree of life, il ne faut aucune attente particulière, il ne faut pas essayer de tout comprendre mais juste se laisser immerger dans le courant du film, juste se laisser porter par la rivière et accepter les images sublimes qui se révèlent à nos yeux.

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Le thème de l'arbre revient souvent, on ne l'oublie jamais. On peut penser par moments que l'on s'égare, mais pourtant on y revient toujours, je pense que tout est bien mieux maîtrisé qu'on ne peut l'imaginer. En fait The Tree of life est une sorte d'odyssée de la vie, une oeuvre monumentale, parfois incompréhensible, est-ce de la folie, du génie (je pense à l'apparition d'un dinosaure, je pense à la fin sur la plage, où l'on insiste davantage encore sur l'aspect spirituel, à la fin qui s'éternise), de l'excès ? Oui, c'est tout à la fois, c'est enivrant, c'est puissant, mystérieux, ça laisse perplexe, c'est étrange, inédit, percutant, virevoltant comme la vie et la mort mais surtout très poétique. Ce film est au cinéma ce que la poésie est à la littérature, The Tree of life est une ode à la vie mais le plus étrange est encore son réalisme. Cela peut venir des plans, de la mise en scène, des acteurs, du scénario qui nous immerge dans les souvenirs d'une famille, les souvenirs sont aléatoires et puissants, Proust en avait une conscience aigüe. Avec cette famille, on sourit, on pleure, on est mal à l'aise mais le film est tellement atypique, il nous surprend tellement qu'on ne sent pas son caractère fictionnel, juste un réalisme exacerbé doté d'une sensibilté étonnante devant la nature et la vie. Rien ne le résumera jamais mieux que le titre :


The Tree of life

Et si vous n'avez pas été sensible à la vue de ce petit peton, alors vous avez un cœur de pierre !


dimanche 1 mai 2011

Brothers and sisters : bienvenue chez les Walker ! Présentation de la série

N.B. Cette chronique est basée sur les trois premières saisons de la série.

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Brothers & Sisters est mon dernier coup de cœur en matière de séries américaines. Elle compte déjà 5 saisons et oui, cela peut encore arriver :  je l'ai découverte à la télévision ! C'était il y a quelques mois sur TF1, grâce @Shoone_JS et @delromainzika que je remercie au passage. La chaîne a proposé une diffusion rapide, très rapide, de plus en plus... je ne l'ai évidemment pas suivie ! (inutile de rappeler les aberrations des diffusions françaises des séries télévisées...) Non, j'ai pris mon temps et attendu d'en avoir vu assez pour vous en présenter une petite critique.


La série s'inscrit dans une mouvance où les génériques d'ouverture sont extrêmement courts (cf mon top des meilleurs génériques...), mais B&S possède un magnifique "ending theme"pour sa mélodie...


Les thèmes de la série sont d'une grande diversité : politique, guerre en Irak, 11 septembre, homosexualité, travail, concurrence, la famille bien sûr, relations fraternelles, relation aux parents, mariage, adultère...

On peut les retrouver d'une génération à l'autre ce qui donne un relief notable à la série. (On se souvient de l'apparition de la mère de Norah et Saul, courte mais très drôle)

Les personnages auxquels je suis me suis attachée le plus rapidement (leurs intrigues sont les premières à être développées) :
-Kitty : au début de la série on célèbre son retour à la maison, la journaliste politique, républicaine quitte donc New York pour la côté Ouest
-Justin : On le découvre miné par ses souvenirs de guerre, son engagement avait bouleversé la famille...
-Kevin : sa vie sentimentale est quelque peu dissolue, l'avocat vit pour son travail et accepte peu à peu son homosexualité.et
-Norah : aaahh Norah !

Brothers & Sisters, c'est la série par excellence, elle ne se rapproche en rien du cinéma. A l'origine on aime ce genre pour voir des personnages évoluer et c'est précisément ce que ses scénaristes nous proposent. C'est feuilletonnant, on a des disputes, des secrets et pourtant une fraîcheur, une intelligence qui la séparent des soap operas classiques.

La plus grande réussite de la série réside en une alchimie parfaite : celle du drame intime et du drame familial. Traiter du groupe tout en se penchant sur l'être individuel n'est pas si fréquent et Brothers and sisters l'a réussi brillamment.

En fait c'est une des séries les plus humaines et touchantes que j'ai vue, on peut y étudier les relations entre les personnages autant que leur évolution personnelle, les deux sont bien sûr liés, ce qui va d'ailleurs nous orienter vers des questions : leurs vies sont-elles dépendantes les unes des autres ? comment parviennent-ils à trouver leur propre chemin tout en restant unis ?

Chacun aura sa réponse personnelle, chacun sera confronté à des doutes, chacun traversera plusieurs phases. Parfois ils s'éloigneront mais en pleine crise comme pour Justin, la maison maternelle retrouvera son rôle de refuge, de cocon familial.

Bref, B&S est la série la plus humaine que je connaisse, on n'a pas de gentil ou de méchant, seulement des personnages qui font des erreurs et malgré les affinités qu'on a avec les uns ou les autres on ne peut s'empêcher de les comprendre tour à tour. C'est le cas au départ de Tommy, c'est étrangement à cet instant que le personnage m'a le plus touchée, peut-être parce que ces êtres brisés, perdus sont toujours intéressants mais je n'ai pu que comprendre la réaction de Julia, sa femme. C'est là que réside la force et la complexité de la série. Il en va de même pour la relation entre Kitty et Robert, la séparation est traitée de façon très subtile...

Les situtations dans lesquelles sont les Walker laissent donc infinement perplexe, comme dans la vie on ne peut se prononcer sur ce qui aurait du être, on ne peut que constater, se réjouir, s'émouvoir ou s'attrister.

L'arrivée de nouveaux personnages pourrait facilement susciter un rejet de notre part au profit du clan Walker et les deux cas de figure nous sont exposés avec Rebecca et Ryan. Dans un premier temps celui-ci n'est pas tant perçu comme un intrus, on peut le trouver assez sympathique. Doués les scénaristes puisque qu'on réalise rapidement notre erreur !

(On peut comprendre Holly et la trouver par instants antipathique.un peu, à chaque fois que l'on trouve ses plans machiavéliques, un léger doute plane pouvant nous laisser nous radoucir envers elle.)

C'est la seule série que je connaisse capable d'autant fait rire et pleurer en même temps. On peut entrevoir quelque chose d'intéressant dans chaque membre de la famille mais j'ai probablement moins d'affinités avec Tommy ou Sarah. Je me suis vite attachée à Norah, j'adore sa relation avec Kevin ou avec Saul.


Je vais parler des personnages de façon très aléatoire, j'approfondirai peut-être un jour mais cet article est prévu depuis longtemps et je compte bien le poster aujourd'hui ! (aujourd'hui c'est la fête du travail, il ne faut pas trop m'en demander ! ! )


NORAH

C'est elle le coeur de la famille, elle n'est pas parfaite (parce que justement elle veut que tout le soit) elle est un peu étouffante mais malgré tous ses défauts on l'apprécie quand même. Elle a une relation particulière avec chacun de ses enfants, une histoire différente, des souvenirs parfois douloureux mais malgré tout c'est une famille qui s'entre-aide et qui ne peut se séparer.

Bref c'est une mère avec tous ces petits défauts qui nous énervent mais qu'on affectionne tout particulièrement.


Sa volonté de toujours faire apparaître la famille sous son meilleur jour est un élément récurrent, et finalement c'est lorsqu'ils sont vrais, et fragiles que les Walker sont le plus appréciés, c'est d'ailleurs ce que déclare Ryan, quand il découvre que cette famille est loin d'être parfaite, il se sent soulagé et prêt à les accepter.

Qui n'a pas rêvé comme Norah de tout quitter, d'avoir une autre vie, de partir à des milliers de km, des projets qui n'ont jamais eu vocation à être réalisés ? On aime s'imaginer ailleurs, on en parle comme si c'était sérieux mais le plus souvent, on ne prévoit pas réellement ce changement, ce n'est qu'une évasion.


KITTY

J'aime bien Kitty, elle n'oublie pas sa famille même si son accomplissement professionnel lui tient très à coeur. C'est un personnage fort, je ne suis pas toujours d'accord avec elle mais j'aime sa franchise, sa droiture et sa loyauté de plus elle ne juge pas les gens, donc oui Kitty fait partie de mes personnages préférés.

Warren... j'ai toujours été persuadée qu'il lui fallait quelqu'un comme lui (et surtout pas Jonathan aperçu au début de la série), sa relation avec Robert est pourtant très intéressante mais probablement trop passionnelle ou conflictuelle pour durer. Cet homme qu'elle retrouve au parc (Alec) lui correspond mieux, d'ailleurs il est difficile d'en vouloir à Kitty car il semble qu'ils sont faits pour être ensemble même si leur relation est d'avance condamnée, trop précoce.

Quelque chose est brisé entre elle et Robert, difficile de blâmer l'un ou l'autre (comme Kevin on se rapproche de plus en plus du politicien...), mais encore une fois on les comprend. B&S est maître en la matière, raconter les histoires de couple, c'est un art et les scénaristes le maîtrisent.

Kitty évolue beaucoup, elle s'assagit, devient plus sereine, transforme une relation conflictuelle avec sa mère en une belle complicité, elle n'a donc plus rien à voir avec la jeune journaliste ambitieuse qui admirait son père et se moquait de Norah.


KEVIN

Kevin c'est le cynique, mais aussi le plus sensible. Sa relation avec son père était particulière, il se sentait toujours à l'écart des autres. Petite déclaration subjective sans argument : j'adore ce personnage !

Il est toujours celui qu'on appelle quand on a besoin d'aide, il est très protecteur envers sa famille. S'il est souvent réticent en voyant se préparer des réunions de famille, qu'il passe du temps à se plaindre et ronchonner c'est parce qu'il connaît bien ses proches et tente de les protéger.


SARAH

Sarah : on la sent toujours entravée entre ses devoirs, ses envies. Elle se plaint beaucoup mais craint finalement le changement.  C'est à la fin de la saison 3 qu'elle semble prête à affronter la nouveauté. Son divorce avec Joe a été lui-aussi assez bien mené.


TOMMY

Tommy, j'ai toujours senti que quelque chose clochait chez lui, lors de la S1 je l'aimais peu mais j'ai compris pourquoi ensuite. Et c'est dans l'épisode 21 de la saison 3 que je me suis mise à vraiment l'aimer alors qu'on ne le voit pas. Tommy n'a jamais trouvé sa place ni su qui il était. Ces doutes ont toujours été là. Sa relation avec son père,  très problématique ne trouvera jamais de réponse. Tommy est un perosnnage brisé, celui qui faisait le plus mine d'être normal chez les garçons Walker. Pourquoi a -t-il été relativement dur avec Justin ? Probablement parce que lui aussi était malheureux mais qu'il ne le montrait pas et que personne n'avait jamais pu le soupçonner. Comme le dit Temperance Brennan dans Bones (oui oui on fait dans l'intersérialité) "Certaines personnes sont plus enclines à souffrir en secret."

Tommy est différent des autres Walker, il parle peu, n'est ps non plus très drôle, bien plus introverti jamais il ne se confiera ou avouera aller mal, jamais ses paroles ou ses actes ne seront le reflet de son coeur ou de son esprit tourmenté.Et pourtant il a su garder la face longtemps, affronter des évènements difficiles, sans aide contrairement à Justin. Tommy a une famille nombreuse mais il est le personnage le plus seul de la série, le plus impénétrable. je n'ai totalement compris cela qu'avec la saison 3. L'évolution du personnage est subtile et fascinante. Tommy, c'est l'intrus chez les Walker, Tommy il peut paraître le moins sympathique de la série parce qu'il joue un rôle. Se marier, avoir des enfants, fonder une entreprise, il est rentré dans le costume
qu'on avait taillé pour lui, pour lui tout était question de survie, ce qui explique sa réaction face à Holly.

(Il va de soi que la "fuite" de Tommy tombe un peu comme un cheveu sur la soupe puisqu'il semblait vouloir s'améliorer et qu'elle ne découle que d'éléments indirectement liés à la série, c'est-à-dire les déboires de Balthazar Getty avec les producteurs. Les contingences extérieures influencent inévitablement l'art, phénomène bien plus présent encore dans l'univers télévisuel  )


JUSTIN

Ah, Justin ! Un personnage tout d'abord brisé puis en reconstruction, donc forcément intéressant. Quand il a retrouvé un certain équilibre, on a pu le voir évoluer dans une relation amoureuse. Son addiction à la drogue, son premier retour de la guerre, son second départ...des intrigues riches et passionnantes.


REBECCA

Rebecca devient adulte, elle trouve sa place dans la société, elle trouve son identité et gagne en stabilité, son passé mouvementé qui a été évoqué à quelques reprises demeure une ombre. Le personnage est relativement imprévisible...


JULIA

Elle est discrète mais c'est un des personnages qui a le plus souffert. Je n'ai pas d'affinité particulière avec elle. Le personnage n'a été vu que par rapport à son couple avec Tommy, celui-ci parti elle disparaît.


SAUL

Sa relation amoureuse, très discrète s'est quelque peu perdue dans le tumulte de la famille Walker. (saison 3) Ce personnage, relativement neutre est intéressant surtout juste avant son coming-out.


HOLLY

On peut penser qu'elle protège sa famille c'est-à-dire sa fille comme une louve, on peut la comprendre. Elle a vécu seule, elle doit s'imposer face aux Walker quitte à utiliser des méthodes peu orthodoxes mais à la fin de la S3 le personnage, individualiste et manipulateur affirme son statut de mouton noir, on est du côté des Walker ou on ne l'est pas. Rebecca, sa fille est différente, plus honnête mais Holly est un personnage antipathique. Cette figure mouvante est nécessaire, elle l'habite donc quelques temps par son activité professionnelle.


LE PERE de REBECCA

Il paraît forcément sympathique face à Holly, mais le personnage est assez faible finalement, il suit le mouvement sans vraiment prendre de décision. (-->B&S est bien une série féministe !)


Le couple le plus solide et équilibré est clairement Kevin/Scotty. Ce sont eux qu'on imagine aisément devenir de bons parents. Est-ce que cette stabilité peut leur nuir ? N'en ont-ils pas assez d'être le couple marié et rangé ? L'épisode 21, très "caliente" creuse la question avec le retour de Chad, l'ex de Kevin ! Finalement, nos jeunes mariés sont très bien comme ils sont...


On ignore encore si Brothers & Sisters sera renouvelée pour une sixième saison. *Je n'ai vu moi-même que les trois premières, j'ai seulement entend dire que la cinquième était la moins réussie et qu'elle se terminerait sur un cliffhanger (hélas...) mais une chose est certaine : cette série me manquera terriblement quand elle s'arrêtera, peut-être est-ce une des raisons pour laquelle je préfère d'ailleurs la regarder lentement !

Je les aime les Walker, je les aime et je pense que chaque téléspectateur peut nouer des liens étroits avec ces personnages.

Pour conclure, une chanson que j'ai découverte dans la S1 de la série...

(Ici avec un montage vidéo sur la S1)

* La série n'aura eu finalement que 5 saisons...

dimanche 10 avril 2011

Petite chronique en série : Bones

Parlons un peu de Bones aujourd'hui, de ce que j'aime dans cette série ou ce que trouve moins réussi.

Les premiers épisodes m'avaient donné l'impression d'une série policière sympathique mais ce n'était clairement pas un coup de foudre, le genre de série dont je pouvais manquer plusieurs épisodes. Mais j'ai suivi les diffusions de M6 et j'ai trouvé qu'elle s'approfondissait, lentement mais sûrement elle a gagné ses galons.

L'aspect anthropologique me plaisait beaucoup même si je trouve que la série s'éloigne désormais trop des os au profit des corps en décomposition. Pourquoi est-ce gênant ? Les dernières saisons misent sur ce point, cela devient même un motif de dérision, les personnages affichent une attitude plutôt détachée par rapport aux substances corporelles, ainsi le sérieux de la série, voire son réalisme en sont atteints. Elle a en effet connu un tournant avec l'arrivée de différents assistants dans l'équipe (Nigel Murray et cie) j'avais trouvé ce nouvel élan positif mais désormais la joyeuse bande me gêne un peu. La série est devenue un classique du cop-show et peut jouer avec le spectateur, on connaît les manies de chaque scientifique, les rituels du couple Booth/Brennan et chaque épisode semble célébrer ce joyeux petit univers, ce qui m'amène à penser qu'elle doit bientôt s'arrêter. J'aimerais encore une saison, sept me semblerait convenable mais plus serait excessif. Bien sûr, je serai triste à l'idée de quitter nos chères fouines je pense que le moment approche.

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Mais revenons sur ce qui me plaît dans Bones. Eh bien la réponse va être simple puiqu'il s'agit justement de Temperance Brennan alias Bones ! Ce personnage associal, direct, sincère, honnête, cartésien, mais sensible me plaît beaucoup. Son intérêt ne réside donc pas seulement dans la relation qu'elle entretient avec son partenaire mais dans sa relation au monde. Bones le découvre peu à peu, elle doit faire des compromis sans sacrifier ses principes, ses valeurs personnelles. Cette évolution désormais stabilisée a été très bien menée.

Mais venons-en à l'atout majeur de la série : la relation entre Seeley et Temperance. Leur complicité, est au cœur de la série, les voir ensemble en signerait probablement la fin mais combien de temps cela peut-il encore durer?


Le centième épisode de Bones est entièrement consacré à cette question. La mise en scène est parfaite, on aurait presque l'impression que les flash back ont été tournés avant le pilote de la série... Il est perturbant de découvrir que les théories de Sweets s'effondrent, Hart Hanson nous montre qu'il mène le jeu, il dirige totalement le spectateur, il peut aisément briser nos illusions pour mieux les rebâtir ! J'avais un peu peur à l'idée qu'on nous enlève ce qu'on croyait acquis : la rencontre de Booth et Brennan mais la dernière scène est autant émouvante que réussie. (ce qui sera confirmé les épisodes suivants) Il faudra donc arrêter la série avant qu'elle ne perde en intensité, que ses dynamiques ne s’essoufflent. Bref, au moment idéal...

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Dans la dernière saison, la relation Booth/Brennan s'inverse, il était amoureux d'elle, Temperance s'en est aperçue tardivement, elle l'a ignoré puis repoussé. Cette relation l'effrayait car elle ne se sentait pas prête à s'engager. Après le saut dans le temps d'un an il revient avec une jeune journaliste, Brennan sympathise avec elle, et semble heureuse pour son partenaire. Notre anthropologue est plus calme qu'avant, plus sereine puisque son passé n'est plus une ombre mais elle paraît également assez seule, elle n' avait pas encore conscience, la saison précédente de son propre changement mais elle comprend la notion de famille, elle serait en mesure d'avoir une relation stable. Ainsi c'est à elle d'être en position d'observation (ou d'attente ?) et non plus à Booth qui a décidé de prendre son destin en main.

-Edit : Je n'ai pas encore vu l'intégralité de la saison mais l'épisode le plus marquant restera sans doute le neuvième. Le point pivot pour Brennan. "Mon univers entier vient de basculer mais j'arriverai à m'adapter." Un épisode bouleversant.

Brennan est triste, le vigile lui dit que c'est tellement mieux que d'être morte. Brennan a tant souffert qu'elle se protégeait avec une froide carapace, ainsi elle ne ressentait plus rien, une anesthésie de l'esprit ou des émotions. Cet épisode se consacre à son douloureux changement. On découvre pour la première fois Temperance en toute sincérité. Cet épisode correspond parfaitement à l'évolution du personnage à travers les saisons. Il me rappelle pourquoi j'aime la série et me permet donc de nuancer le reste de la chronique.

Le vigile est fascinant, on peut même se demander s'il est réel ou bien issu de l'esprit de Bones, on se souvient de Booth ayant vu en apparition un jeune soldat mort au combat... Bref ce vigile
(interprété par Enroco Colantoni, alias le papa de Veronica Mars!!) apparaît comme un guide.


Mais faisons rapidement le tour des autres personnages...

Camille, je ne l'ai jamais beaucoup aimée. Son sourire a tendance à m'irriter mais ce n'est qu'un point de vue personnel, son prédécesseur avait quitté l'institut pour retourner à ses premiers amours : l'archéologie qu'on ne perd jamais totalement de vue. Oui, Bones est partie pendant un an pour se consacrer à la recherche, c'était un point positif ! De même Booth avait décidé de retourner dans l'armée, une idée que j'avais trouvé excellente. Dans la cinquième saison on revisitait les débuts de la série, débuts qui voyaient un statu quo bouleversé, des personnes qui n'étaient pas censées travailler ensemble apprennent à colaborer. Des scientifiques, le FBI, une artiste. On dirait en sciences que les personnages sont revenus pendant un an à leur état initial ! Mais il est évident qu'ils ne sont plus les mêmes, que les évènements qu'ils ont vécu les ont changé et ils vont le réaliser en rentrant à Jefferson. Mais fermons cette petite parenthèse pour revenir aux autres personnages ! Zack a quitté la série de façon marquante, devenu l'assistant d'un tueur en série cannibale il a été arrêté et dirigé dans un asile psychiatrique, il est étrange qu'on n'en reparle jamais, cette intrigue avait structuré de nombreux épisodes, une fois utilisée elle a été jetée et notre petit Zack oublié ! J'espère qu'on le retrouvera ne serait-ce qu'une fois...Son équivalent actuel est Nigel Murray mais cette encyclopédie vivante est plus ouverte sur le monde ! Clark Edison est arrogant, insupportable.

Angela est l'âme de l'équipe, c'est la seule non-scientifique, elle permet de ne jamais oublier l'aspect humain des affaires criminelles. Cette artiste, a elle aussi trouvé sa place dans l'équipe. Sa relation avec Hodgins, le "roi du labo" est très touchante, j'aime beaucoup ces deux-là !

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Je n'ai pas parlé de tous les personnages mais je vais quand même finir sur Dr Sweets alias "Lancelot". J'ai été ravie de son arrivée dans l'équipe, un psychologue était nécessaire. Le personnage est drôle c'est vrai mais aussi assez intrigant. Il passe beaucoup de temps à essayer de comprendre les autres mais il parle finalement peu de lui. Quand Booth a tenté de retourner les rôles patient/docteur, ce fut un échec mais on sait que Sweets a passé son enfance dans des familles d'accueil. C'est un de mes personnages secondaires préférés, mais j'aurais aimé le voir plus longtemps seul, sans Daisy. Leur duo apporte de la fraîcheur à la série, c'est un élément comique, c'est certain mais on aurait pu s'en passer au moins une saison. Sweets mérite mieux que ce
rôle, le personnage pourrait être davantage approfondi au cours d'intrigues feuilletonnantes ou non. C'est d'ailleurs ce qu'il manque à cette sixième saison, on n'a pas vraiment d'arc narratif à part la relation de Booth et la journaliste. Cela pourrait être l'occasion de s'intéresser à Sweets, ce qui n'est pour l'instant pas le cas, sauf lorsqu'il s'agit d'un prétexte pour apporter une note d'humour, une déception pour moi.  Devant le succès, la série risque de tomber dans une caricature d'elle-même mais je fais confiance au créateur pour nous apporter un final digne de ce nom, en attendant les fouines vont devoir encore bosser un peu...




"Mon univers entier vient de basculer mais j'arriverai à m'adapter."