mardi 31 mai 2011

Blue Valentine, un écho de Eternal Sunshine of the Spotless Mind

J'ai hésité avant de faire cette petite critique mais ayant adoré le film, j'ai décidé de partager avec vous quelques idées et de le croiser avec Eternal Sunshine of the Spotless Mind...

http://thecurrent-online.com/wp-content/uploads/2011/01/Blue_Valentine_6144.jpgBlue Valentine, c'est une douleur sourde qui vous envahit, celle des histoires d'amour qui finissent mal. J'ai beaucoup pensé à Eternal Sunshine of the spotless mind en le voyant... Les acteurs sont excellents (Ryan Gosling et Michelle Williams), la BO est excellente, la réalisation, très typée films d'auteur (d'où la nomination au célèbre festival américain de Sundance) est je trouve un petit bijou. Le scénario dégage une sorte de simplicité et de fluidité en même temps. Je ne m'attendais pas tout à fait à ça après avoir vu la bande-annonce, le film est finalement assez court, comme si l'on n'avait pas le temps de se saisir de l'histoire... La mise en scène est placée sous le signe de la spontanéité, de la sincérité notamment grâce à certaines improvisations. On est bien dans du "Sundance" ici, la liberté artistique est laissée aux acteurs. L'entrelacement des deux époques, l'amour naissant puis la déconstruction de la relation se font écho. On trouve encore de la tendresse entre les personnages, c'est en cela que j'ai pensé au film de Michel Gondry, une sorte de fatalité qui les sépare et les attire en même temps.

La dernière scène est bouleversante, Dean s'éloigne et un feu d'artifice s'esquisse au loin. La mélancolie est au cœur de l'histoire mais apparaît aussi dans l'ambiance, le flux et reflux des souvenirs tantôt doux, tantôt tristes.

Le réalisateur, Dereck Cianfrance accorde beaucoup d'importance à la mémoire, il fait défiler devant nos yeux une romance qui naît, puis se défait. On ne vit jamais l'histoire, on en est complice, comme si dans la vie il y avait toujours une caméra au coin de la pièce pour nous épier, la caméra de la mémoire, celle qui transmet, déforme les images du passé. On est dans cette partie de l'esprit des personnages, on assiste à leur vie, on en suit les premiers regards, les premiers baisers, les premiers malaises sans rien pouvoir penser d'autre que "c'est la vie". Oui cette souffrance qui joue en sourdine mais sans jamais nous quitter, c'est la vie et comme son nom l'indique, Blue Valentine est l'histoire d'un amour brisé mais d'un amour vrai.



La raison a toujours été impuissante face ce sentiment : éviter le blues, ce ne serait pas vivre, il faudrait donc accepter les évènements, bons ou mauvais, puisque le plus intéressant est semble-t-il de se façonner des souvenirs, comme le montre Eternal Sunshine of the spotless mind où Joel est totalement désemparé en les sentant s'éloigner, s'effacer. L'image de la plage était d'ailleurs très forte, l'eau qui s'avance, emporte avec elle quelques grains de sables et qui à chaque nouvelle vague rend les contours de la vie plus flous.

Dans Blue Valentine, Dean rappelle à Cindy dans leur cuisine, l'antre du quotidien qui les ronge "pour le meilleur et pour le pire", il ne comprend pas que ça ne marche plus, que l'amour ne soit pas suffisant. L'incompréhension est la pire des tortures d'où un fatalisme latent. La vie qui devient pesante, la routine qui s'installe... tout est sous-jacent mais on n'en parle jamais vraiment, comme si les explications n'avaient finalement aucun sens ou intérêt, que face aux souvenirs elles perdaient leur cohérence. Se raccrocher à des éléments rationnels est donc aussi vain qu'au début de leur relation.  Ils ne se ressemblaient pas, comme ses parents ne manquaient pas de le rappeler au cours du repas. Et ce n'est pas la présence de leur fille qui sauvera leur couple. "Tu penses à elle ?" demande-t-il. Elle y pense mais il semble que personne ne puisse influer sur le cours des évènements, la vie défile tel un souvenir sur lequel on n'a aucun contrôle. La grossesse elle-même n'était pas désirée, on devine que Cindy n'a jamais été heureuse (ses relations avec les hommes semblent peu saines), que sa rencontre avec Dean ne pouvait éclipser que temporairement ses questions existentielles mais peu importe puisque le générique de fin donne la dernière note aux souvenirs, quelques flashs au milieu des feux d'artifice, quelques souvenirs éphémères qui se révèlent puis se retirent.


1 commentaire:

  1. j'ai vu deux fois ce film et j'ai pleuré en regardant que le couple se sépare à la fin sous le feu d'artifice. Il n'y a pas de romance dans ce film, par contre, il n'a que la vrai vie: l'amour est quelque chose de passion chimique momentanée qui s'écharpe rapidement. Pourquoi je pleure? Je sais que je rêve de leur réconciliation en désespoir.

    C'est un film excellent qui se distingue des autres films romantiques. Ce qui est insupportable pour ce film est la tristesse de la séparation de Ryne et Michelle.

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