Ma critique de Margaret sur Courte focale : Critique
lundi 12 novembre 2012
Tarte et...catharsis ! (dossier en séries)
L'an dernier, je vous avais proposé un dossier intitulé Des échanges transatlantiques en séries, cette année je me suis intéressée à un tout autre sujet : la place de la nourriture dans les séries TV anglophones.
> Tarte et catharsis
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samedi 15 septembre 2012
Broken, ode à la vie
Broken, de Rufus Norris, ou l'histoire d'une petite fille qui rentre au collège.
On observe son quartier, sa famille, à travers ses yeux et c'est une violence physique, concrète qui est employée pour symboliser le passage à l'adolescence. Tout est gradué, la micro-société, objet du film descend longuement aux enfers, si bien qu'on se demande comment de tels évènements ont pu se produire dans un quartier résidentiel. Si le film montre une héroïne qui plane au milieu de la brutalité urbaine, il ne fait toutefois pas dans la demi-mesure, mettant en scène des situations peu réalistes. Les changements psychologiques qui s'opèrent chez les personnages sont abordés de manière assez subtile, jamais trop rapides. Skunk, petite fille pleine de vie, heureuse ne comprend pas le monde qui l'entoure, elle ne comprend pas que tout puisse aller de travers, on pourrait dire qu'elle écoute, impuissante la mélodie d'un disque rayé. La vie est un éternel combat pour elle puisqu'elle souffre de diabète de type 1, aura-t-elle encore envie de mener ce combat après ces découvertes ? L'adolescence : déconstruction et reconstruction de l'être... A méditer.
In fine, Broken nous offre un beau paradoxe en oscillant sans cesse du pur drame au feel good movie.
A noter : la chanson entendue à plusieurs reprises dans le film (et présente dans la bande-annonce) est "Colours" de Blur, interprétée par la jeune actrice elle-même, Eloise Laurence.
On observe son quartier, sa famille, à travers ses yeux et c'est une violence physique, concrète qui est employée pour symboliser le passage à l'adolescence. Tout est gradué, la micro-société, objet du film descend longuement aux enfers, si bien qu'on se demande comment de tels évènements ont pu se produire dans un quartier résidentiel. Si le film montre une héroïne qui plane au milieu de la brutalité urbaine, il ne fait toutefois pas dans la demi-mesure, mettant en scène des situations peu réalistes. Les changements psychologiques qui s'opèrent chez les personnages sont abordés de manière assez subtile, jamais trop rapides. Skunk, petite fille pleine de vie, heureuse ne comprend pas le monde qui l'entoure, elle ne comprend pas que tout puisse aller de travers, on pourrait dire qu'elle écoute, impuissante la mélodie d'un disque rayé. La vie est un éternel combat pour elle puisqu'elle souffre de diabète de type 1, aura-t-elle encore envie de mener ce combat après ces découvertes ? L'adolescence : déconstruction et reconstruction de l'être... A méditer.
In fine, Broken nous offre un beau paradoxe en oscillant sans cesse du pur drame au feel good movie.
A noter : la chanson entendue à plusieurs reprises dans le film (et présente dans la bande-annonce) est "Colours" de Blur, interprétée par la jeune actrice elle-même, Eloise Laurence.
lundi 6 août 2012
The Dark Knight Rises, à l’aube d’une nouvelle ère
The Dark Knight Rises
n’achève pas n’importe quelle trilogie, en effet les films de Nolan ont profondément
marqué les esprits, redorant l’image des
super-héros au cinéma. Il rehausse la qualité des intrigues, la qualité
visuelle et montre que le genre n’est
pas forcément source de films populaires ou de simples blockbusters mais bien
d’une œuvre ambitieuse et complète. Si le film a pour thème l’élévation, comme
le suggère le titre, on n’assiste toutefois pas au bouquet final grandiose que
certains pouvaient attendre. Il faut dire que les précédents films étaient déjà
d’une qualité tout à fait appréciable. La surprise initiale devant cette version
de l’histoire de Batman, qui avait éclos avec Batman Begins et explosé
avec The Dark Knight s’est estompée pour le dernier volet, on repose
ainsi sur les solides bases des deux premiers films, bases qui ne seront pas
trahies.
Beaucoup de critiques se penchent
sur la volonté des scénaristes, trouvant dans The Dark Knight Rises une plus ou moins grande
portée politique, c’est une des questions qui fait le plus débattre. Au delà de
cette interrogation, on peut considérer un motif récurrent dans le
cinéma super-héroïque, et plus particulièrement présent dans ce film : la
lutte d’individus marginaux contre les
autres. (se veulent-ils marginaux ou est-ce la société qui les a
marginalisés ? La vérité se niche probablement dans l’ensemble des deux
hypothèses) Et c’est selon les rencontres que les rôles pourront changer, c’est
ainsi que la jeune voleuse aux oreilles de chat glissera lentement d’un camp
vers un autre. Les personnages sont modelés par leurs souffrances (ce qui est
vivement martelé à propos de Bane), bons ou mauvais, leur but est alors de
trouver une place dans la société. Bruce Wayne s’en était effacé, il a retrouvé
le héros qui était en lui avec Batman, il s’agira de savoir comme équilibrer
cela avec son identité d’homme. Bane voudra diriger ceux qu’ il juge
oppressés, il s’opposera aux gens jugés normaux, défendant les siens, en
quelque sorte la famille qu’il s’est constituée. On se crée toujours par
rapport aux autres, on agit en fonction d’eux, mécanisme que Bruce refuse
d’appliquer au personnage de Batman qui restera une figure impersonnelle, privée
des faiblesses humaines. Si le film peut
abriter des questions politiques, on y voit tout d’abord une lecture sociale.
Le personnage de Bane manque de
charisme, c’est son armée qui nous effraie, ainsi que les conséquences de ses
actes mais lui-même n’égale pas le Joker. Nolan n’a pas tenté de faire de Bane
un grand méchant charismatique, sa voix étrange attise plus notre curiosité que
notre peur. Ce méchant qui hante l’esprit, nous l’avions déjà eu avec The Dark
Knight mais la menace affrontée ici n’en est pas moins terrifiante. Le sol se
dérobe sous les pieds des personnages, Batman est écarté de Gotham City,
l’impuissance fait perdre l’espoir. Les individus sont ici effacés par rapport
aux foules, chacune représentative d’une partie de la société. La future
Catwoman et Robin apparaissent toutefois, ils ne brillent pas encore mais on
croit en eux, on les accepte immédiatement en tant que futurs de Batman.
Hathaway et Gordon Levit sont Catwoman et Robin, cela s’impose rapidement comme
une évidence. Ces deux personnages sont
inclus sans heurt et de manière crédible à la trilogie. Si le plus sombre a été
atteint grâce au Joker dans la trilogie, on réussit ici le pari impossible de placer
les personnages sur l’échiquier de la
société après les avoir fait survivre au pire, la fin s’amorce lentement mais
sûrement nous offrant un achèvement salvateur. Le personnage de Robin, dont le
prénom nous est livré au dernier moment, est celui qui active le plus de
problématiques. La notion de vérité est abordée : est-il toujours bon de
la divulguer ? Les structures qui encadrent la société sont, quant à elles,
appréhendées avec beaucoup de prudence voire de méfiance, structures qui sont
censées servir le bien mais qui peuvent avoir des conséquences néfastes. On
observe un rejet du cadre dans lequel nous évoluons, un besoin de s’en
affranchir et de se montrer indépendant. Cette indépendance est déjà une
indépendance d’esprit qui se déploie chez des héros solitaires. Les personnages
semblent parfois froids, cette caractéristique est à double tranchant, d’une
part un manque d’émotion peut être observé dans ce dernier volet, d’autre part
cela évite de sombrer dans le pathos et maintient le rythme du film. Le
personnage joué par Marion Cotillard révèle quelques tentatives infructueuses
de s’inscrire dans le registre pathétique, c’est un échec. Il est sous-exploité
et ne nous intéresse guère. Ce qui fonctionne c’est cet engrenage froid qui
articule les intrigues chez Nolan, c’est cette volonté implacable des
personnages. Si l'humanité transparaît chez Bruce, c’est toujours par légères
touches, notamment à travers le majordome. La psychologie ne peut dont être
approfondie à l’écran mais on évite la facilité du pathos. (pathos auquel on ne
parvient même pas avec Cotillard) Nolan ne devrait pas essayer de faire un
cinéma autre que celui qu’il maîtrise, avec le réalisateur, rien n’est
superflu. Certaines intrigues ou personnages sont peut-être esquissés mais
jamais maltraités ou maladroitement
effacés, cela prouve une belle maîtrise du scénario et sert le motif
super-héroïque, en effet on met en scène des symboles forts. Bruce Wayne
insiste d’ailleurs sur l’importance d’ancrer dans les esprits le personnage de
Batman en tant que symbole. A ce sujet, le film remplit parfaitement son rôle
mais à film de super-héros, attentes extraordinaires. Le buzz généré par la
sortie du film pourrait être à l’origine d’une déception quant au film, Batman
s’élève mais Batman est peu présent, Bane le grand méchant ne fait pas peur, la
mort de Marion Cotillard est à l’origine de blogs moquant son jeu, le bouquet
final de la trilogie n’en est pas un. L’explication est simple, The Dark
Knight était le film le plus sombre des trois, celui-ci ne pouvait l’être
davantage, il se calque plus sur le modèle de Batman Begins, montrant l’évolution
de personnages. L’épique est présent avec quelques moments forts et jubilatoires,
cet air d’Hans Zimmer incarne à merveille cet esprit, exaltant les valeurs du
super-héros.
L’éclat est donc long à venir,
le film semble être une lente gestation de l’équipe de Batman. On avait eu la
construction de l’homme et du personnage avec Batman Begins, on bâtit
ici la mythologie inhérente au super-héros. C’est pourquoi le rayonnement des
personnages, le déploiement ultime des intrigues ne peuvent surgir qu’à la fin
du film qui est d’ailleurs relativement émouvante. Les quelques dernières
minutes constituent la sublimation de la trilogie, on s’élève, on s’envole, on
frissonne et on sourit. Merci
Christopher Nolan.
vendredi 15 juin 2012
It's kind of a funny story
On devine immédiatement dans quelle catégorie classer ce film parce que : it’s kind of a funny story. Le titre nous dévoile déjà beaucoup sur cette petite réalisation américaine. On fait de l’indépendant, c’est une modeste comédie dramatique. On retrouve les thématiques principales du genre (on peut citer Juno qui est rapidement devenu populaire), le refus du système, source d’uniformisation, la marginalité de personnages en quête identitaire. Le film se déploie d’ailleurs en véritable récit initiatique. Il s’agit pour le personnage principal de trouver ses propres capacités, de trouver confiance en lui-même et les différentes qualités qu’il peut avoir. La bande originale ne nous surprend guère, on passe de The XX (avec Intro) à Elden Calder, des groupes ou artistes que le spectateur peut reconnaître, des groupes dont les morceaux semblent être conçus pour le cinéma indépendant américain. La musique occupe une position essentielle dans l'histoire, comme c’est souvent le cas, elle s’avèrera d’ailleurs thérapeutique. Le caractère « sans prétention » du film, son ton relativement léger, ses notes d’humour le dénuent de tout accent moralisateur, de tout constat sur la société. Il ne s’agit pas de faire du cinéma engagé sur la dépression, de décrier un système comme Detachment a pu le faire, on adapte simplement un livre lui-même inspiré d’une histoire vécue, le rapport à l’expérience personnelle est donc très fort. On s’intéresse ainsi à la dépression, ce que le synopsis du film pose d’emblée. Craig, un adolescent de 15 ans songe au suicide, demande de l’aide et est placé dans cet établissement où il rencontre des personnages aussi peu conventionnels que surprenants. Chacune possède une expérience différente mais on ne s’attarde pas dessus, on ne cherche pas les raisons de leur état dépressif. On apprécie tout particulièrement le fait que Craig insiste sur une idée : il ne sait pas pourquoi il déprime, il n’a pas de raison majeure pour aller mal, sa famille semble d’ailleurs assez intentionnée même si elle peut être source de pression, ce qui est relativement « normal ». La maladie est bien appréhendée, on la découvre peu à peu et c’est un agréable tableau qu’on nous donne à voir : celui de la vie qui reprend voire de la vie qu’on découvre ! Comme le montrera la dimension romantique du film, il s’agit de s’accepter tel qu’on est, que notre relation avec les autres nous fasse tendre au meilleur de nous même et non l’inverse. L’expression de soi par l’art en est un bon exemple, certes assez classique mais toujours efficace, on danse, on court, on respire, on vit. Tout est question de respiration, ce n’est pas un hasard si le verbe « breathe » est présent dans autant de titres de chansons, il s’agirait de se libérer de tout ce qui entrave notre respiration. Pour Craig, il faudra affronter la pression qui pèse sur lui, principalement concernant ses études, son avenir. La seule question qui importe alors ou qui devrait importer à ce moment clé de sa vie, c’est-à-dire l’adolescence est : « est-ce que mes choix sont bons pour moi, est-ce que je le veux vraiment ? » Et visiblement c’est la source de son problème. La vie est-elle aussi simple ? Peu importe, ce sont ces difficultés qui se juxtaposent et qui finissent par devenir oppressantes, l'empêchant de vivre et se présentant en obstacle, sources de dépression, elles le noient. On laisse les angoisses nous envahir, nous ronger de l’intérieur et finalement nous paralyser. Dans Little miss sunshine, film où la dépression est également très présente, Dwayne dit : “You do what you love, and fuck the rest.” c’est l’idée qui est reprise ici, ce n’est pas extrêmement original mais c’est efficace et toujours aussi sympathique.
Si le thème est relativement banal puisque l’on traite de
l’adolescence (trouver sa voie, son identité, faire face à un mal-être intérieur,
parfois dissimulé aux autres), il n’est toutefois
pas mal mené, bien au contraire, ce qui fait de It’s kind of a funny story
un petit conte qui laisse le sourire aux lèvres, mission réussie pour Anna Boden et Ryan Fleck !
jeudi 10 mai 2012
Des sites à lire...
Cette semaine, pas de nouvelle critique mais je vous invite à visiter deux sites : Courte focale qui passe au crible fin le cinéma et Les Plumes asthmatiques, culturellement vôtres. Vous retrouverez sur le premier mon analyse de Air Doll et sur le second ma critique d'Une année étrangère, le poignant roman de Brigitte Giraud. J'espère que vous prendrez plaisir à les parcourir !
vendredi 4 mai 2012
My so-called life, l'incontournable teenage drama des années 90
Référence du teenage drama, My So-called life fait partie des séries
incontournables des années 90, non seulement parce qu'elle était
novatrice, abordait avec intelligence des sujets sensibles, au même
titre que Once & Again ou Dawson' Creek à qui elle a ouvert la voie mais surtout parce que le
portrait de l'adolescence qu'elle dressait était extrêmement juste et ne
tombait jamais dans le cliché. Si la dyslexie, l'homophobie, la violence à l'école, l'adultère, la tentative de viol sont évoqués, c'est davantage dans un soucis de cohérence générale qu'en raison d'une volonté de dramatisation afin d'attirer le spectateur. En effet un intérêt est montré pour tout ce qui peut rendre les individus marginaux, on a ainsi "l'intello", passionné de chimie, mal intégré au groupe. Par leurs caractères, leurs réactions,
évolutions et quêtes identitaires les personnages sont très réalistes, la révolte contre le système ou les parents n'est jamais stéréotypée, bien au contraire elle dénote de questionnements existentiels et profonds sur la société, elle n'est que le reflet d'une recherche de soi. L'héroïne dit souvent qu'elle a l'impression de s'être enfin réveillée de sa petite vie tranquille, à son réveil elle découvre un monde complexe et c'est avec difficulté qu'elle tentera de vivre dans cet univers difficilement compréhensible, univers que les adultes même ne maîtrisent pas.
Cette errance que marque la période de l'adolescence est remarquablement
fixée. L'héroïne n'a pas de problèmes spécifiques, elle ne vit pas dans
une famille à problème et pourtant un mal-être la ronge, elle se sent
profondément vide. On note que l'identification était aisée pour l'adolescent lambda, ni brillant ni mauvais, ni pauvre ni riche. Sans user d'artifices superficiels visant à décupler
l'audience, les scénaristes parviennent donc à nous plonger dans le
quotidien d'une adolescente presque normale. Remarquable.
samedi 31 mars 2012
Bienvenue à Jericho
On découvre la ville de Jericho par l’intermédiaire de Jake, le personnage principal de la série. A travers son voyage, les premiers éléments de la ville qu’on aperçoit sont des indications
topographiques, par exemple le panneau « Jericho 47 » ou « Welcome to Kansas ». Comme le titre le montre, nous arrivons dans un espace particulier, presque
un personnage à part entière, c’est la réussite de cet épisode. Le premier thème abordé, c’est-à-dire le retour du personnage principal dans sa ville natale est quant à lui, plutôt récurrent à la
télévision, on pense à Sarah dans Parenthood pour citer une série encore diffusée...
Dans ce cas, l’arrivée de Jake est primordiale, on note d’ailleurs la proximité phonétique entre son prénom et la ville de Jericho. Les « deux J » semblent liés, le héros pourrait être
considéré comme une incarnation de la ville, son double, son opposé. Il n’a pas le choix et doit réagir face au danger, alors qu’il avait quitté sa ville, fui son passé il devra désormais se
comporter en héros. La menace encore inconnue à ce stade de la série est relativement bien amenée puisque Jericho est l’histoire d’un petit univers ensoleillé qui se transforme en un
monde sombre et effrayant. Si l'on peut déjà avoir quelques présomptions quant à la suite des évènements, on pense à l'importance des ondes, notamment radiophoniques qui apparaissent à plusieurs
reprises, on ignore encore tout d’elle, on ne sait ni ce qu’elle est, ni d’où elle vient, or cette ignorance et cette impossibilité de localiser le danger sont toujours le meilleur vecteur de la
peur. Elles vont être source d’un repli sur soi de la communauté qui se resserrera presque en un huis clos, ce qui est d’ailleurs le cœur d’un grand nombre de films de Hitchcock. Les maisons
deviennent des refuges durant la nuit alors que la nature autrefois accueillante devient dangereuse. Le thème de l’unité et de la division sont abordés, les citoyens constituent une sorte de
grande famille, unie contre la menace, c’est la condition de leur survie. Jake deviendra une sorte de leader et se posera enfin en héros malgré son passé incertain, tous les problèmes et doutes
qu’il a pu avoir avant son retour à Jericho. On lui demande d'ailleurs "Where have you been ?", on ignore encore tout de lui, il possède cette part de mystère qui peut inciter le téléspectateur à
regarder les épisodes suivants, cette part de mystère qui se fond naturellement avec celle qui s'empare de la ville. Ainsi, la catastrophe révèlera une part de lui-même, c’est le double effet de
l’obscurité et de la douleur. Comme Eric Taylor le dit dans Friday Night Lights : (on pourrait, si on l’osait parler d’intersérialité au lieu d’intertextualité ! )
« We will now all be tested. It is these times...it is this pain...that allows us to look inside ourselves. » La source de destruction peut aussi être source
de construction de l’être humain, ce qui peut rendre la psychologie des personnages riche et profonde. La série a un certain potentiel de ce côté même si elle emprunte des chemins battus maintes
et maintes fois, elle devra se distinguer des autres pour ne pas tomber dans d’affligeantes banalités. La fin est un écho aux premières minutes, on conclut sur une voiture qui n’est, cette foi
plus dans la lumière mais dans la nuit. Un plan de corbeaux, symboles basiques du danger terminent l’épisode. « What’s happening ? » demande un personnage, cette question dirigera
l’ensemble de la série.
Mon avis : Une série d’action très classique, sans surprises qui sait toutefois bien utiliser les codes des films catastrophe. Sans être extraordinaire, le pilote se fait assez solide et
pose de bonnes bases pour la suite. A suivre pour ceux qui aiment le genre.
dimanche 25 mars 2012
Detachment
! [Cette analyse s'adresse principalement aux personnes ayant vu le film]
«Jamais je n’ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde » Albert Camus dans L'Etranger
Les premières minutes du film réunissent différents témoignages, donnant l’apparence d’un documentaire à propos de l’éducation aux États-Unis. Lors de la sortie du film, on pouvait d’ailleurs lire cet avis du journal 20 minutes "On met une très bonne note à ce film instructif." S'il est instructif, la formulation révèle toutefois que le critique n'a pas compris le message véhiculé. On met une bonne note, comme à l'école, on oublie la poésie, on oublie ce pourquoi nous nous rendons dans les salles de cinéma. On parle d'ailleurs de message quand le film est médiocre, pas dans le sens de mauvais mais simplement de moyen. Je ne pense pas que ça soit le cas ici,je ne résumerais pas Detachment à un film "instructif". Au début je me suis effectivement demandée si par les divers témoignages et les petits dessins qui s'interposent entre les plans ça n'allait pas être être le cas mais l'histoire s'intéresse ensuite véritablement au mal-être et au détachement.
Intéressons-nous maintenant à la jeune prostituée et à Henry. Pour la première, heurter les gens, s'y opposer est le seul moyen qu'elle a de nouer un lien avec eux. Elle les allume ou les agresse verbalement. L’enseignant lui dit tout d’abord "just walk away" sans prêter attention à elle, on a bien l'attitude de l'homme détaché de sa vie. Son hygiène de vie est parfaite, son appartement est presque vide, non personnalisé. C'est logique c'est un remplaçant, il a choisi ce qui lui permettait de ne s'attacher à personne, de bouger sans cesse sans se fixer. Sa vie est désaffectée dans les deux sens du terme. Il fume toutefois une cigarette de temps en temps. Sa jeune protégée est à l'inverse de lui, pas désaffectée, débauchée, salie mais en prise au même désabusement. Elle a choisi une autre voie. "go to sleep" est le seul traitement qu'il propose, c'est son mode de fonctionnement, même éveillé il a endormi sa vie. On suppose que le suicide de sa mère a été une véritable brisure de son être, une rupture dans sa vie qui a même changé son rapport au temps. On peut supposer que c’est ainsi que fonctionnent la plupart des personnes après un traumatisme. Un jour tout allait bien puis leur vie s’est brisée alors elles ont continué à se lever le matin, perdues et hantées par le passé. Erica avait renoncé avait renoncé à la vie. Pour perdre toute estime d'elle-même en se prostituant, c'est qu'elle ne pensait pas avant de rencontrer Henry que ça en vaille la peine, elle ne pensait pas avoir un avenir. Meredith se situe du côté sombre, elle se suicide mais cette jeune fille qui a renoncé, tout comme Henry qui est en « stand by », mi-mort mi-vivant (on se rappelle du perso principal de Somewhere) finit par retrouver l'espoir. La toute fin du film laisse donc apparaître une lueur, un dégel du personnage principal. Henry tend au début du film un mouchoir pour que sa jeune protégée s'essuie la bouche, qu'elle l'assainisse en quelque sorte. A la fin du film c'est lui qui fait ce geste, pour ôter le sang de Meredith. Peut-être s'est-il libéré, à nouveau confronté au suicide, libéré du poids de son passé. Il s'allège de cette ombre qui pèse sur son cœur puisqu'il est lui-même dépressif. S'essuyer la bouche, ne serait-ce pas le signe de l’ acceptation de la vie ? Se passer de l'eau sur le visage a également cette valeur, c’est un geste purificateur. C'est alors qu'il dit "we're feeling." C'est pour cela qu'étrangement le film peut "faire du bien", impression dont on m'a parlé sur twitter, on pourrait ainsi y voir une fonction cathartique. Ce film ferait écho à nos propres questions existentielles, à notre propre solitude, un sentiment qu'on a tous connu puisque, comme l'écrivait George Sand : "La foule est le désert des hommes." Mais ici point de foule, au contraire on plonge à corps perdu dans au cœur de la solitude.
«Jamais je n’ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde » Albert Camus dans L'Etranger
Les premières minutes du film réunissent différents témoignages, donnant l’apparence d’un documentaire à propos de l’éducation aux États-Unis. Lors de la sortie du film, on pouvait d’ailleurs lire cet avis du journal 20 minutes "On met une très bonne note à ce film instructif." S'il est instructif, la formulation révèle toutefois que le critique n'a pas compris le message véhiculé. On met une bonne note, comme à l'école, on oublie la poésie, on oublie ce pourquoi nous nous rendons dans les salles de cinéma. On parle d'ailleurs de message quand le film est médiocre, pas dans le sens de mauvais mais simplement de moyen. Je ne pense pas que ça soit le cas ici,je ne résumerais pas Detachment à un film "instructif". Au début je me suis effectivement demandée si par les divers témoignages et les petits dessins qui s'interposent entre les plans ça n'allait pas être être le cas mais l'histoire s'intéresse ensuite véritablement au mal-être et au détachement.
"My mother was a teacher and I knew without a shadow of a doubt from my early childhood that the one job I would never do is become an teacher. Anything rather become a teacher."
"They believe they could make the difference. I know how important it is after guidance and to have someone help you to understand the complexities of the world where we're living, they didn't really have that...growing up." Henry
Henry Barthes (serait-ce une allusion à Roland Barthes, critique et sémiologue français ? ) est professeur remplaçant de littérature. En constant mouvement, il ne s’attache ni aux lieux, ni aux personnes, errant de son logement provisoire au lycée, hanté par les fantômes de son passé. L’établissement scolaire est extrêmement difficile, le projet éducatif s’efface, l’union des collègues vacille face à une situation qui semble sans espoir. En rentrant chez lui, Henry rencontre une jeune fille qui se prostitue, une des élèves de sa classe est suicidaire, la vie de couple de la directrice est si mauvaise, voire pitoyable qu’elle en semble caricaturale. De plus le passé familial du professeur est lourd, tous ces éléments creusent le fossé entre le détachement apparent du personnage et son environnement, l’atmosphère du film. Le sujet est profondément touchant, nous sommes tous allés à l'école, nous avons tous un rapport différent avec l'institution scolaire, un vécu différent. Et ces instants bons ou mauvais nous ont formés, ils sont au fondement de notre vie. Cette période est censée être un élan vers l'avenir, on est censé se projeter, avoir de l'espoir mais ce que décrit Detachment, de façon peut-être excessive face au quotidien de la plupart des lycéens ou professeurs c'est justement la perte de cette foi. La dramatisation des intrigues qui se chevauchent peut déranger ou sembler inutile, on aurait un surplus tragique, un manque de réalisme mais l’intérêt n’est pas négligeable et en adéquation avec le titre du film. En effet, pour que cet état frappe le spectateur, pour qu'on s'y sente associé et qu'on le ressente également, il fallait passer par cette violence des situations, par le suicide d'une élève, par la rencontre d'une jeune fille qui se prostitue, cela permet de comprendre le mécanisme du détachement. N'importe quel professeur aurait craqué, aurait agi différemment mais Henry n'est plus vraiment là, il erre entre ses souvenirs douloureux qu'il a réduits au rang d'ombres et son morne présent. Il voit les choses telles qu'elles sont, il a renoncé à l'illusion, il sait que son grand-père a été violent avec sa mère, qu'il est en partie responsable de son suicide ou qu'il n'a rien fait pour l'empêcher mais Henry, sans énergie a perdu la notion même de colère, on ne se situe pas dans ce type d'énergie propre aux héros romantiques du XIX ème siècle, on n'assiste pas à des élans passionnés. Au milieu de tout ce détachement, quelques crises voient l'âme ressurgir. La douleur se fait sourde, elle gronde : Henry jette chaises et tables, la conseillère d'orientation hurle, une lycéenne se suicide, la jeune protégée d'Henry pleure et finit par avouer qu'elle n'a que lui, qu'elle l'aime et qu'il est sa famille. Ce sont les rares occasions ou les personnages se dévoilent, où l'on accède à leurs intériorités, c'en est bien plus percutant. Cela dévoile que le détachement est un travail perpétuel, il est loin d’être naturel, cette anesthésie des sentiments peut s’envoler en quelques instants. Comme l’écrit Christine Orban : « L’indifférence n’est pas naturelle. Elle est un apprentissage tristement nécessaire. » Pourquoi être indifférent ? Il s’agit de survie, on continue à respirer, à se lever chaque jour en attendant de se réveiller de ce mauvais rêve, en attendant d’avoir une raison de se lever, de se motiver. Au début du film, on voit d’ailleurs Henry errant le soir dans les rues. Il marche d'un pas lent, le regard vide. Et un jour, on se réveille. On prend comme tous les matins notre première bouffée d’oxygène mais celle-ci est différente, on ne retient plus notre souffle. On vit. On garde l’amertume des jours passés, la découverte du monde nous a changés, nous sommes marqués mais nous avons une raison de vivre, une appartenance, un ancrage au monde. C’est quand ce lien est brisé qu’on dérive, qu’on se laisse aller errant de rue en rue, de bus en bus.
"the tears were off from myself"
Si les situations sont extrêmes, la réalité n’est pas toujours lointaine, par exemple le professeur timide, l’air ringard, rongé par un mal-être profond peut rappeler à beaucoup des enseignants rencontrés au cours d’un parcours scolaire. Il dit : "Sit down, I'm starting the DVD." tandis que le brouhaha s’étend, ceci est une scène assez réaliste. Ce professeur, totalement désespéré exhibe sa solitude et son isolement en restant de longues minutes sans rien faire derrière le grillage en espérant que quelqu’un le remarque.
Cela est à rattacher avec une phrase résumant bien le film : « Who cares ? » L'annonce du suicide final se fait par la lecture des copies des élèves, la scène est programmatique. On s’étonne que personne ne s’en soit vraiment alerté. La mention : "no name" semble faire écho au "who cares". Meredith, cherchait juste un signe, une oreille attentive, c’est-à-dire quelqu'un qui puisse compter dans sa vie, et l’encourager sincèrement. Affaiblie par les critiques récurrentes de son père, elle avait atteint un état de non-retour. Henry était sa dernière chance, sans espoir elle ne pouvait plus vivre alors elle décida d'arrêter, l'ultime détachement : la fin de la vie, celle qui rend tout résurgence de l'âme impossible. Henry n'est pas l’idéal du professeur qu'on trouve dans Le Cercle des poètes disparus (Dead poets society), il ne se comporte pas en héros, il ne se bat pas. On ne se situe pas dans du grand tragique puisque le système éteint l’être, le fait mourir à petit feu. C’est pourquoi la BO est assez minimaliste, les cordes sont très peu présentes, quelques notes de piano se font entendre. Le lycée n'est donc pas si éloigné de la petite chambre d'hôpital où séjourne le grand-père de Henry, c’est l’antre de la désillusion dont le détachement découle. Le seul qui semble heureux tient parce qu'il prend ses petites "pilules du bonheur", pilules qui maintiennent l’illusion. La conseillère d'orientation est celle qui connaît "the truth". "it's so easy to be careless." le jeune professeur de mathématiques nourrit encore des espoirs, ceux-ci ne sont pas vains puisqu’elle parvient à aider un lycéen. Cela met en valeur un apprentissage prenant en compte les individualités, ce que les systèmes, les institutions tendent précisément à détruire. Les petits dessins animés qui reviennent souvent sont finalement assez appréciables, ils ramènent à l'enfance, la montrant en pleine chute. Le film est le récit d’un anéantissement, on évolue donc dans le cadre du nihilisme.
Cela est à rattacher avec une phrase résumant bien le film : « Who cares ? » L'annonce du suicide final se fait par la lecture des copies des élèves, la scène est programmatique. On s’étonne que personne ne s’en soit vraiment alerté. La mention : "no name" semble faire écho au "who cares". Meredith, cherchait juste un signe, une oreille attentive, c’est-à-dire quelqu'un qui puisse compter dans sa vie, et l’encourager sincèrement. Affaiblie par les critiques récurrentes de son père, elle avait atteint un état de non-retour. Henry était sa dernière chance, sans espoir elle ne pouvait plus vivre alors elle décida d'arrêter, l'ultime détachement : la fin de la vie, celle qui rend tout résurgence de l'âme impossible. Henry n'est pas l’idéal du professeur qu'on trouve dans Le Cercle des poètes disparus (Dead poets society), il ne se comporte pas en héros, il ne se bat pas. On ne se situe pas dans du grand tragique puisque le système éteint l’être, le fait mourir à petit feu. C’est pourquoi la BO est assez minimaliste, les cordes sont très peu présentes, quelques notes de piano se font entendre. Le lycée n'est donc pas si éloigné de la petite chambre d'hôpital où séjourne le grand-père de Henry, c’est l’antre de la désillusion dont le détachement découle. Le seul qui semble heureux tient parce qu'il prend ses petites "pilules du bonheur", pilules qui maintiennent l’illusion. La conseillère d'orientation est celle qui connaît "the truth". "it's so easy to be careless." le jeune professeur de mathématiques nourrit encore des espoirs, ceux-ci ne sont pas vains puisqu’elle parvient à aider un lycéen. Cela met en valeur un apprentissage prenant en compte les individualités, ce que les systèmes, les institutions tendent précisément à détruire. Les petits dessins animés qui reviennent souvent sont finalement assez appréciables, ils ramènent à l'enfance, la montrant en pleine chute. Le film est le récit d’un anéantissement, on évolue donc dans le cadre du nihilisme.
S’il y a remise en cause du système, on ne doit pas se limiter à l’école mais aussi aux institutions médicales mais plus généralement c’est la société qui nous apparaît sous un jour peu flatteur. L’absurdité du monde est mise en avant, c’est cette conscience qui impose le détachement. On ne peut pas lutter contre l'absurdité, on doit juste tenter de trouver son propre chemin dans la foule, de se créer une carapace et de trouver sa façon de survivre...à la vie.
Intéressons-nous maintenant à la jeune prostituée et à Henry. Pour la première, heurter les gens, s'y opposer est le seul moyen qu'elle a de nouer un lien avec eux. Elle les allume ou les agresse verbalement. L’enseignant lui dit tout d’abord "just walk away" sans prêter attention à elle, on a bien l'attitude de l'homme détaché de sa vie. Son hygiène de vie est parfaite, son appartement est presque vide, non personnalisé. C'est logique c'est un remplaçant, il a choisi ce qui lui permettait de ne s'attacher à personne, de bouger sans cesse sans se fixer. Sa vie est désaffectée dans les deux sens du terme. Il fume toutefois une cigarette de temps en temps. Sa jeune protégée est à l'inverse de lui, pas désaffectée, débauchée, salie mais en prise au même désabusement. Elle a choisi une autre voie. "go to sleep" est le seul traitement qu'il propose, c'est son mode de fonctionnement, même éveillé il a endormi sa vie. On suppose que le suicide de sa mère a été une véritable brisure de son être, une rupture dans sa vie qui a même changé son rapport au temps. On peut supposer que c’est ainsi que fonctionnent la plupart des personnes après un traumatisme. Un jour tout allait bien puis leur vie s’est brisée alors elles ont continué à se lever le matin, perdues et hantées par le passé. Erica avait renoncé avait renoncé à la vie. Pour perdre toute estime d'elle-même en se prostituant, c'est qu'elle ne pensait pas avant de rencontrer Henry que ça en vaille la peine, elle ne pensait pas avoir un avenir. Meredith se situe du côté sombre, elle se suicide mais cette jeune fille qui a renoncé, tout comme Henry qui est en « stand by », mi-mort mi-vivant (on se rappelle du perso principal de Somewhere) finit par retrouver l'espoir. La toute fin du film laisse donc apparaître une lueur, un dégel du personnage principal. Henry tend au début du film un mouchoir pour que sa jeune protégée s'essuie la bouche, qu'elle l'assainisse en quelque sorte. A la fin du film c'est lui qui fait ce geste, pour ôter le sang de Meredith. Peut-être s'est-il libéré, à nouveau confronté au suicide, libéré du poids de son passé. Il s'allège de cette ombre qui pèse sur son cœur puisqu'il est lui-même dépressif. S'essuyer la bouche, ne serait-ce pas le signe de l’ acceptation de la vie ? Se passer de l'eau sur le visage a également cette valeur, c’est un geste purificateur. C'est alors qu'il dit "we're feeling." C'est pour cela qu'étrangement le film peut "faire du bien", impression dont on m'a parlé sur twitter, on pourrait ainsi y voir une fonction cathartique. Ce film ferait écho à nos propres questions existentielles, à notre propre solitude, un sentiment qu'on a tous connu puisque, comme l'écrivait George Sand : "La foule est le désert des hommes." Mais ici point de foule, au contraire on plonge à corps perdu dans au cœur de la solitude.
Les violons apparaissent à la toute fin quand le terme « detachment » s'efface et disparaît au milieu de cet écran noir. Henry essayait de maintenir cet état pour survivre, cet équilibre était fragile puisqu’on le voyait pleurer dans le bus au début du film. Ses yeux devaient être secs de larmes mais les hommes sont ainsi. « we're feeling », quelques soient nos moyens de protection : pilules du bonheur, détachement apparent, des grosses lunettes noires et un air sévère (la conseillère), une bonne conscience, une foi (la prof de math) aveugle, un sourire étincelant... Peu importe quels sont nos remparts, we're feeling. Et quand on plonge définitivement dans le détachement, quand la remontée à la surface du monde est trop insupportable, on cesse de vivre, on meurt, comme la mère d'Henry, comme Meredith mais le plus souvent, aussi dur que soit ce simple geste de se lever, de sortir de chez soi et de se rendre au travail, on le fait. On continue chaque jour, en attendant de trouver des personnes qui nous regardent vraiment, des personnes qui font attention à nous justement et qui répondent à cette éternelle question : "who cares ?".
Cependant cette lueur n'est valable que pour des destins individuels, des histoires personnelles. Le constat sur la société dans son ensemble sombre à la toute fin du film dans le désespoir le plus total. Les tables de la salle de cours sont renversées, les feuilles volent. Tout est vide. Cette vacuité est présente tout au long du film, notamment par les plans sur les couloirs vides et c’est à cet instant qu’elle atteint son paroxysme, c'est incarné de manière saisissante par le texte de Poe. Cette institution qu'on appelle école, ces murs, les bâtiments mêmes ont un pouvoir sur vous, ils peuvent à eux seuls vous plonger dans un malaise profond. Pour en sortir il faudra se battre, il faudra pouvoir vivre mais le message est clair : l'école peut être néfaste à l'individu et être source d’anéantissement, destruction de l'être au lieu de le construire. L'école a une âme et elle peut ronger la vôtre. Si les êtres dérivent, l’école entité vivante aussi. C'est le point de vue, le ressenti des personnages qu'on a ici, ainsi le film montre comment chaque individu peut réagir face à la même société, le personnage principal, au cœur de la réflexion générale illustre la dépression, c'est probablement le motif principal de Detachment. Avant d'être un film sur l'école, sur une famille déchirée, sur une jeune prostituée, c'est un film sur la dépression.
Le texte de Poe : lien
Quelques autres critiques : celle d’Ecran large, de ladyteruki pour les plus positives. J’y adhère totalement. Et celle de delromainzika qui n’a visiblement pas...aimé. Un point de vue opposé, c’est également intéressant !
Le texte de Poe : lien
Quelques autres critiques : celle d’Ecran large, de ladyteruki pour les plus positives. J’y adhère totalement. Et celle de delromainzika qui n’a visiblement pas...aimé. Un point de vue opposé, c’est également intéressant !
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