jeudi 17 mars 2011

Petite chronique en série : The Dead zone.

Une petite critique qui rappellera probablement des souvenirs aux amateurs de la trilogie du samedi sur M6, il y a quelques années. Grâce à son ambiance sombre, ses intrigues prenantes et son thème principal : le destin The Dead Zone était devenue une des séries incontournables des années 2000...
http://thedeadzone.blog.co.in/files/2008/12/the-dead-zone.jpg
Le plus remarquable était la capacité de la série à vous plonger dans son atmosphère.  Les couleurs étaient plutôt sombres, on évoluait souvent la nuit, sous la pluie, les premières visions étaient d'une très bonne qualité visuelle. En fait, le générique et la musique suffisaient à vous y immerger. Aujourd'hui, les rediffusions de Direct Star m'évoquent cette époque où j'éteignais la lumière et, entendant le lancement de la trilogie du samedi, cessait tout mouvement pour observer religieusement le générique et pénétrer le plus rapidement possible dans l'épisode. (on est sériephile ou on ne l'est pas !)


Johnny, c'était ce personnage aux deux identités, avant l'accident le gars sympa, très sociable prof de chimie, fiancé...une vie normale. Après c'était le gars marginal, medium qui devait accepter sa nouvelle vie, sans regretter le passé, un gars face à son destin, destin qu'il n'avait par définition pas choisi ! On retrouve un peu le même thème que dans Veronica Mars, c'est-à-dire la dichotomie de l'être. Le personnage s'endurcit, devient plus froid, cynique, mais surtout lucide quant au monde, pour Johnny cela s'avèrera au sens propre puisque ses visions lui permettront de tout voir, tout savoir.
Et la rupture entre les deux parties de sa vie* est menée de façon brillante, d'une part on découvre dans un épisode spécial les circonstances de l'accident, d'autre part on comprend que Johnny était prédisposé à ses visions, petit il avait eu un accident sur un lac gelé...(tout ceci étant la base du roman de Stephen King)
On a comme Sarah ou Johnny la sensation qu'une toute autre vie aurait pu être la leur. Cela induit une ambiance morose, une relation toujours gênée entre les personnages. On ne se situe plus dans la normalité comme s'ils vivaient dans un monde parallèle à la réalité, un monde faux. D'ailleurs on a toujours du mal à y croire et les visions nous troublent souvent. Comment savoir ce qui est réel et ne l'est pas ? Ce qu'on pouvait trouver de façon ponctuelle dans d'autres séries ( dans Buffy par exemple où l'on retrouve la tueuse dans un asile psychiatrique : ses parents  lui expliquent qu'elle a déliré pendant plusieurs années, que les vampires ne sont que le fruit de son imagination, sur le même procédé le fantastique est remis en doute dans un épisode de Smallville) est ici récurrent. Peut-être que la vie de Johnny n'est qu'un long rêve, qu'un matin l'odeur du café le réveillera, qu'il rejoindra Sarah dans la cuisine et retrouvera une vie normale, peut-être qu'il est toujours dans le coma et ne se réveillera jamais. Cette sensation d'être sur  une voie déviante de la vie est extrêmement intéressante pour la psychologie des personnages ainsi rendus touchants. Cela nous mène également à réfléchir sur les séries : que sont-elles d'autre qu'une vision fictive du monde ?

John Smith, le nom choisi par Stephen King est lui-même révélateur, au premier abord il peut nous surprendre parce qu'il fixe à un homme extraordinaire l'identité d'un Monsieur tout le monde. Mais en fait,  c'est ce qu'est Johnny . Alors qu'une partie de son existence est détruite, ses visions le glissent  dans la peau des autres. John Smith c'est ce gars dépossédé de son identité, ce gars qui trouve un sens à sa vie dans celle des autres. Mais il refuse de se projeter dans l'avenir, jeter sa canne signifie rejeter ce destin prédéfini, il ne se voit pas comme un envoyé de Dieu, contrairement à ce que le révérend Purdy peut penser. Tout en ne pouvant pas avoir une vie normale, il refuse de la placer sous le signe de l'extraordinaire. On peut ainsi dire que Johnny  errant entre deux mondes n'est jamais vraiment sorti du coma, ces années de non-conscience à flotter entre la vie et la mort ont tout changé, jusqu'à son identité. Si enfant, il se démarquait déjà des autres, il avait encore le choix mais son existence est désormais façonnée par le poids du destin.

Il y aurait encore beaucoup à dire à propos de The Dead Zone, d'Armageddon, de Greg Stillson, de Sarah ou de Walt mais cher lecteur, ce sera pour une autre aventure. En attendant je vous laisse avec le premier générique de la série. (excellente chanson de Jeff Buckley : New Year's prayer)




*The Dead Zone est diffusée depuis le 16 juin 2002 aux Etats-Unis, environ un an après les attentats du World Trade Center. L'accent étant mis sur la rupture entre le passé et le présent, rupture qu'on vit au quotidien avec Johnny plus encore que dans le livre (également en raison du format feuilletonnant), on peut se demander si ce n'est pas l'écho du traumatisme américain...Il est évident que celui-ci a influencé le petit écran...

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